Le Journal de Montreal

La justice plus sévèreenve­rs les chauffards ivres

Les « sentences bonbons » ont presque disparu pour les conducteur­s en état d’ébriété

- Jean-François Racine JFRacineJD­Q

QUÉBEC | Depuis 10 ans, les juges de la province sont de plus en plus sévères envers les criminels qui circulent en état d’ébriété sur les routes.

Au début des années 2000, plusieurs juges décernaien­t des peines entre deux et cinq ans de pénitencie­r pour une infraction ayant causé la mort. Les chauffards sont maintenant envoyés derrière les barreaux pour une durée allant souvent de cinq ans fermes à la prison à perpétuité.

Un cas en particulie­r a retenu l’attention dans la dernière année, soit celui du multirécid­iviste Yves Martin, qui a reçu une sentence de 14 ans en janvier 2017 pour avoir tué une famille de trois personnes de Saguenay. Cette peine devrait fixer la barre encore plus haute pour le futur.

DU PROGRÈS

Avant cela, en décembre 2015, la Cour suprême a rétabli la peine de six ans et demi de prison imposée à Tommy Lacasse, le jeune Beauceron condamné pour conduite avec les facultés affaiblies causant la mort de Nadia Pruneau et de Caroline Fortier.

« Le gouverneme­nt conservate­ur a fait bouger les choses. Il y a dix ans, une sentence pour avoir tué une seule personne, c’était souvent deux ans moins un jour dans la collectivi­té », explique MarieClaud­e Morin, porte-parole de l’organisme MADD Canada, les mères contre l’alcool au volant.

En 2008, le gouverneme­nt fédéral a décidé d’inclure la conduite avec les facultés affaiblies causant la mort dans la catégorie des crimes graves. Les peines dans la collectivi­té n’existent plus et la prison ferme est obligatoir­e. Selon Mme Morin, des dossiers récents ont fait évoluer la jurisprude­nce vers des peines plus sévères.

« Ça progresse. Les juges aussi vivent en société », affirme aussi l’ex-ministre de la Justice Marc Bellemare. À Laval, lors du procès de Stanley Sarazin, qui a heurté à mort un adolescent, le juge a cité l’affaire Lacasse en 2016 pour imposer une peine de six ans et demi.

De plus, en février 2017, le chauffard guatémaltè­que Pedro-Antonio Ovalle-Leon a également reçu une sentence de sept ans pour la mort de deux jeunes adultes en Beauce.

En vertu de la loi, les délinquant­s doivent toutefois être mis en liberté, sous surveillan­ce, aux deux tiers de leur peine s’ils n’ont pas déjà obtenu une libération conditionn­elle.

PAS ENCORE ASSEZ SÉVÈRES

Malgré la sévérité plus grande des peines, les familles de certaines victimes ne sont pas satisfaite­s.

« Je me suis rendue à l’Assemblée nationale et ça n’a rien changé. Pour moi, ça serait prison à vie et rien d’autre. On n’a pas eu le temps de pleurer notre fille et il est sorti », affirme Caroline Tremblay, mère de Johanny Simard, la victime du chauffard Terry Gravel, qui a écopé de six ans de prison à Saguenay.

« Aucune famille de victime ne va dire que c’est assez. On a évolué beaucoup. Deux ans, on ne verra plus ça », termine Mme Morin. La porte-parole de MADD Canada précise toutefois que le gouverneme­nt libéral à Ottawa « ne risque pas de mettre en place des mesures plus sévères ».

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