Encore trop de sel au pays
La nourriture transformée contient toujours trop de sodium malgré les objectifs de réduction du fédéral
OTTAWA | L’industrie alimentaire a largement raté les cibles de réduction du sodium dans la nourriture transformée, a constaté Santé Canada hier. Il est temps de serrer la vis aux fabricants, insistent divers intervenants.
Le fédéral a publié en 2012 des objectifs de réduction volontaire du niveau de sel pour 94 catégories d’aliments. Ottawa suggérait à l’industrie alimentaire d’atteindre ces cibles en 2016.
Or, selon une évaluation menée l’année dernière par Santé Canada, l’industrie s’est conformée aux objectifs pour seulement 13 des catégories. Le fédéral a même noté qu’aucun progrès n’avait été fait dans près d’une catégorie sur deux (48 %).
« La réduction […] s’est avérée beaucoup plus faible qu’anticipée. […] Les fabricants n’ont pas agi suffisamment », a fait savoir le ministère dans un communiqué.
L’agence visait en moyenne une réduction de 25 à 30 % de la teneur en sodium dans les catégories visées.
DÉVEVANT
« Les efforts de l’industrie […] demeurent, pour le moins, décevants », a réagi par communiqué l’Association pour la santé publique du Québec, qui recom- mande l’imposition de normes obligatoires.
La Fondation des maladies du coeur et de l’AVC abonde dans le même sens, ajoutant qu’une réduction graduelle permettrait aux consommateurs de s’habituer au goût. « Il y a des manufacturiers qui réussissent, donc il n’y a aucune raison de ne pas être plus sévères », a indiqué Francine Forget Marin, directrice des Affaires santé et recherche pour la fondation.
Des mesures additionnelles seront nécessaires, a admis Ottawa, mais il est encore trop tôt pour parler de normes obligatoires. « Avant de déterminer l’approche qui sera la bonne, il faut mieux comprendre les obstacles auxquels font face les compagnies », a fait savoir en entrevue le Dr Alfred Aziz, chef de la Division des règlements et des normes en nutrition pour Santé Canada.
Le fédéral rencontrera des intervenants de l’industrie dans les prochains mois à cet effet.
DILEMME
La nutritionniste Isabelle Huot se dit entièrement favorable à l’imposition de cibles obligatoires, tout en comprenant le « dilemme » de l’industrie.
« On ne peut pas mettre en tablette un produit qui ne se vend pas. C’est un défi d’arriver avec un produit qui a une bonne durée de vie tout en étant savoureux », a affirmé en entrevue la spécialiste, qui commercialise sa propre gamme de produits prêts-à-manger.
L’apport quotidien de sodium recommandé par Santé Canada est de 1500 mg.
Les risques pour la santé commencent à apparaître à 2300 mg. Pas moins de 80 % des Canadiens dépassent ce seuil critique chaque jour, un chiffre qui grimpe à 93 % chez les enfants de 4 à 8 ans.
L’excès de sel peut causer de l’hypertension artérielle, augmentant ainsi les risques de maladie coronarienne, d’accident vasculaire cérébral et de maladie rénale.