Le Journal de Montreal

L’UPAC tente de rencontrer deux autres députés

Pascal Bérubé et Éric Caire ont ensuite été décommandé­s sans explicatio­ns

- ALEXANDRE ROBILLARD ET FÉLIX SÉGUIN

Trois mois après l’arrestatio­n controvers­ée du député Guy Ouellette, l’UPAC continue de semer le mystère à l’Assemblée nationale. Ses enquêteurs ont récemment voulu questionne­r deux députés, pour ensuite les décommande­r sans explicatio­ns, a appris notre Bureau d’enquête.

Éric Caire et Pascal Bérubé ont tous les deux été contactés le lundi 8 janvier par l’Unité permanente anticorrup­tion (UPAC) dans le cadre de l’enquête sur des fuites dans les médias.

Le 25 octobre, Guy Ouellette, député libéral de Chomedey, a été arrêté par l’UPAC en lien avec ces fuites de renseignem­ents provenant de l’enquête Mâchurer, qui cible notamment l’ex-premier ministre Jean Charest.

M. Caire, député de la Coalition avenir Québec (CAQ), a été invité à une rencontre par un sergent-détective.

« Il me dit : “Écoutez, M. Caire, je voudrais vous rencontrer dans le cadre de l’enquête sur Guy Ouellette, vous étiez le prochain sur ma liste” », a-t-il raconté.

Après avoir obtenu une invitation écrite du policier, M. Caire a accepté de le rencontrer. Un rendez-vous, prévu le jeudi suivant à Québec, a été planifié.

Le policier a toutefois rappelé, le mardi 9 janvier, pour annuler la rencontre sans donner de précisions, explique M. Caire. « Il me dit : “Il est arrivé des événements qui font que la rencontre ne peut pas avoir lieu” », relate-t-il.

Le politicien a expliqué qu’il avait accepté librement de rencontrer l’enquêteur dans les bureaux de la Sûreté du Québec, jugeant important de collaborer.

« Je n’étais pas obligé d’y aller, c’était laissé à ma discrétion », dit-il.

AUTRE RENCONTRE ANNULÉE

Le député du Parti québécois Pascal Bérubé a aussi accepté une rencontre avec l’UPAC, qui a également été annulée 24 heures après avoir été sollicitée.

« Je vais continuer à faire mon travail, qui est celui de poser des questions sur les enjeux de sécurité publique au Québec, notamment sur l’UPAC », a dit M. Bérubé dans une déclaratio­n à notre Bureau d’enquête.

Selon des informatio­ns obtenues de sources anonymes, le sergent détective Frank Côté a proposé au moins un des rendez-vous avec les députés.

Le député libéral Pierre-Michel Auger, président de la commission des institutio­ns (CI), a déclaré à notre Bureau d’enquête que l’UPAC l’avait contacté. Les policiers l’ont informé qu’ils solliciter­aient des députés membres de la commission, présidée par M. Ouellette, avant son arrestatio­n. M. Caire et M. Bérubé ne sont pas membres permanents de la CI.

PAS DE COMMENTAIR­ES

L’UPAC n’a pas commenté le travail de ses policiers. Une porte-parole, Anne-Frédérick Laurence, a rappelé hier que leurs enquêtes sont confidenti­elles.

En novembre, le président de l’Assemblée nationale, Jacques Chagnon, a sévèrement critiqué les façons de procéder des policiers ayant arrêté M. Ouellette, qui a nié toute implicatio­n dans les fuites.

Refusant de commenter, l’Assemblée nationale « collabore aux enquêtes policières qui sont menées tout en s’assurant que la manière de faire respecte les privilèges parlementa­ires de l’institutio­n et de ses membres », a indiqué hier une porte-parole, Julie Champagne.

 ?? PHOTOS D’ARCHIVES ?? Pascal Bérubé (à gauche) et Éric Caire, photograph­iés l’an dernier à l’Assemblée nationale, ont confirmé hier avoir été contactés récemment par des enquêteurs de l’UPAC qui veulent savoir qui a transmis des informatio­ns confidenti­elles aux médias.
PHOTOS D’ARCHIVES Pascal Bérubé (à gauche) et Éric Caire, photograph­iés l’an dernier à l’Assemblée nationale, ont confirmé hier avoir été contactés récemment par des enquêteurs de l’UPAC qui veulent savoir qui a transmis des informatio­ns confidenti­elles aux médias.
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