Le Journal de Montreal

Un ex-DG de Longueuil accusé d’avoir participé à la collusion

Le syndic de l’Ordre des ingénieurs a déposé une plainte contre Guy Benedetti

- CHRISTOPHE­R NARDI

L’ancien haut fonctionna­ire de la Ville de Longueuil et actuel directeur général de Rosemère est accusé par son ordre profession­nel d’avoir non seulement toléré, mais d’avoir carrément participé à la collusion à Longueuil.

Entre 2005 et 2012, Guido (Guy) Benedetti, alors DG de Longueuil, « a manqué d’intégrité […] en participan­t à plusieurs reprises à un système permettant de contourner le processus d’appels d’offres », peut-on lire dans la plainte du syndic de l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) rendue publique hier. M. Benedetti a plaidé non coupable.

C’est la première fois que le syndic accuse un fonctionna­ire de la cinquième ville en importance du Québec d’avoir participé à la collusion qui a régné dans les contrats de génie pendant près d’une décennie.

Mardi, l’ancien directeur du génie de Longueuil Christian Fallu a témoigné en audience de l’OIQ que M. Benedetti lui avait demandé de s’assurer que CIMA+ reçoive un certain contrat en 2009. Lorsqu’il a refusé, sa relation avec son patron s’est sévèrement envenimée et, deux ans plus tard, il se faisait rétrograde­r, a-t-il dit.

Tout cela s’est fait dans le cadre d’un système de collusion qui a permis à cinq firmes d’ingénierie de rafler la quasi-totalité des contrats à Longueuil de 2002 à 2009 grâce à la complicité de certains fonctionna­ires et de deux organisate­urs politiques, selon l’enquête du syndic de l’OIQ.

ROSEMÈRE ÉBRANLÉE

Or, M. Benedetti se trouve dans une situation particuliè­rement délicate, étant donné qu’il occupe présenteme­nt le poste de DG de la Ville de Rosemère. Avisé par son employé de la plainte en décembre dernier, le maire Éric Westram a indiqué qu’il avait était « ébranlé », mais qu’il avait toujours confiance en M. Benedetti

« Je crois au principe de la présomptio­n d’innocence […] Nous allons suivre le cours du procès et ce sera business as usual jusqu’au jour [où] il y aura une déclaratio­n de culpabilit­é, si jamais ça arrive », a indiqué le maire.

Pour sa part, M. Benedetti a avoué hier au Journal qu’il était « très ébranlé » par cette affaire. La veille, il avait aussi écrit au Journal que l’histoire de M. Fallu était « tout à fait erronée ».

Il n’a toujours pas eu l’opportunit­é de présenter sa défense, mais son avocat juge que les preuves qui lui ont été acheminées n’appuient « pas du tout » les conclusion­s du syndic.

FIN DES PROCÉDURES EXIGÉE

L’avocat de M. Benedetti, Louis Coallier, a d’ailleurs présenté deux requêtes pour mettre fin aux procédures disciplina­ires contre son client.

Selon lui, le fait que les événements se sont produits il y a si longtemps fait que le syndic a dépassé tout délai « raisonnabl­e » pour porter plainte contre M. Benedetti.

De plus, Me Coallier a soutenu que la plainte était trop vague pour lui permettre d’élaborer une défense complète.

« La plainte ne mentionne ni le qui, ni le quoi, ni le comment, ni même le quand » des événements qu’on reproche à M. Benedetti, a-t-il lancé devant le Conseil de discipline, qui aura 90 jours pour trancher sur les deux demandes.

 ?? PHOTO CHRISTOPHE­R NARDI ?? Guy Benedetti (à gauche), ex-directeur général de la Ville de Longueuil et actuel DG de Rosemère, était accompagné de son avocat Louis Coallier à son arrivée hier matin à son audience devant le Conseil de discipline de l’Ordre des ingénieurs du Québec.
PHOTO CHRISTOPHE­R NARDI Guy Benedetti (à gauche), ex-directeur général de la Ville de Longueuil et actuel DG de Rosemère, était accompagné de son avocat Louis Coallier à son arrivée hier matin à son audience devant le Conseil de discipline de l’Ordre des ingénieurs du Québec.

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