Le Journal de Montreal

Il s’en sort avec des travaux communauta­ires

- MICHAËL NGUYEN

Un ancien vice-président de la firme CIMA+ s’en est sorti avec de la prison à domicile et des travaux communauta­ires pour avoir participé, pendant huit ans à Montréal, à un stratagème de contrats truqués totalisant 160 millions $.

« Ce sont des fraudes qui ont lésé les citoyens et les firmes qui ont été mises à l’écart [des partages de contrats], tout le monde est victime », a lancé hier la juge Karine Giguère avant d’envoyer Yves Théberge purger sa sentence dans sa maison sur le bord de l’eau, à Saint-Adolphe-d’Howard, dans les Laurentide­s.

Théberge, 60 ans, a plaidé coupable hier de complot pour fraude et de corruption dans les affaires municipale­s. Il avait été accusé en septembre avec sept autres individus, dont l’ex-président du comité exécutif de Montréal, Frank Zampino. L’enquête de l’Unité permanente anticorrup­tion (UPAC) a commencé en 2014. Si elle se penchait d’abord sur le scandale des compteurs d’eau et le gigantesqu­e contrat de 355 M$ annulé en 2009, elle s’est ensuite étendue sur une trentaine de contrats octroyés par la Ville de Montréal entre 2001 et 2009.

Selon l’UPAC, des firmes de génieconse­il avaient élaboré un stratagème avec des fonctionna­ires municipaux et un élu afin de se partager des contrats, en échange de financemen­t politique, de ristournes ou d’avantages personnels.

À la demande des avocats, la juge a interdit aux médias de dévoiler les détails du système de contrats truqués afin de protéger les autres accusés s’ils demandent un procès devant jury.

TRAVAUX COMMUNAUTA­IRES

Malgré l’ampleur du stratagème et sa durée, la juge a estimé que la sentence proposée par les avocats, soit 21 mois de prison à domicile et 120 heures de travaux communauta­ires, n’était pas déraisonna­ble.

« M. Théberge a perdu son emploi, il a démissionn­é de l’Ordre des ingénieurs du Québec et une radiation [de 42 mois] s’est ajoutée à cela », a expliqué l’avocat de la défense, Jean-Félix Charbonnea­u.

Durant cette sentence dans la collectivi­té, Théberge sera assigné à domicile jusqu’en décembre, et il devra ensuite respecter un couvre-feu. Il sera toutefois libre d’aller fêter où il le veut à Noël et au jour de l’An, a ordonné la juge qui était toutefois réticente à accorder cette exception demandée par la défense et Me Caroline Gagné, de la Couronne.

Cette sentence s’ajoute à celle dont Théberge a écopé en septembre, cette fois pour les stratagème­s frauduleux d’octrois de contrats à Laval, mis en place par l’ex-maire Gilles Vaillancou­rt.

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YVES THÉBERGE Coupable

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