Une page d’histoire s’envole en fumée en Montérégie
L’immeuble avait eu plusieurs vocations avant sa conversion en condos
La destruction complète d’un bâtiment centenaire par les flammes hier à Les Coteaux a mis cinq personnes à la rue et laissé un grand trou dans le coeur des habitants du secteur.
« J’ai tout tout tout perdu. Moi j’étais au troisième étage et il n’y a plus de troisième étage. C’était une belle vieille maison et il ne reste plus rien », a raconté au Journal l’une des propriétaires, encore sous le choc.
L’imposante bâtisse de trois étages, située au 20, rue Duckett, a été reconvertie en condos de luxe en 2015, après avoir connu plusieurs vocations depuis sa construction en 1915.
AUCUN BLESSÉ
Quatre des cinq condos étaient occupés lorsque le feu s’est déclaré vers 2 h du matin dans la nuit de mardi à hier. Selon une propriétaire, au total cinq personnes habitaient les lieux, mais seules trois d’entre elles étaient présentes lors de l’incendie.
Aucun résident n’a été blessé et la cause du feu demeure inconnue, a indiqué le directeur du Service incendie de la municipalité de la Montérégie, Michel Pitre. L’hypothèse d’un acte criminel a toutefois été écartée.
Près de 60 pompiers ont été dépêchés sur les lieux pour combattre le brasier. Il a finalement été maîtrisé en fin de journée.
« On a dû démolir la bâtisse au complet pour pouvoir bien éteindre le feu », a expliqué M. Pitre, en désignant l’amas de débris noirci encore fumant.
« UNE GRANDE PERTE »
La mairesse de la municipalité Les Coteaux, Denise Godin-Dostie, estime que l’immeuble avait une importance historique pour la communauté, bien qu’il ne soit pas inscrit au Répertoire du patrimoine culturel du Québec.
« C’est une grande perte. Plusieurs citoyens âgés sont venus faire leur tour. Certains ont été à l’école à cet endroit-là », a-t-elle expliqué.
Francine Grenier, une dame de 75 ans croisée sur place a raconté avoir fait toutes ses études à cet endroit, tout comme ses 14 frères et soeurs.
« Oh, mon Dieu… ce n’est pas beau. Ça me fait de la peine. Ça fait remonter plein de souvenirs », a-t-elle lâché, tout bas.
Même chose pour Pauline Lavigne, âgée de 88 ans, qui habite en face depuis 1943.
« C’est là que j’ai été à l’école. Ensuite, c’est devenu l’hôtel de ville et j’ai été mairesse. C’est un endroit qui me rappelle beaucoup de choses, a-t-elle assuré.
PLUSIEURS VOCATIONS
La bâtisse a d’abord abrité une école ainsi que le couvent pour les Soeurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie jusqu’à la fin des années 1960.
La municipalité l’a ensuite achetée en 1972 pour en faire son hôtel de ville ainsi qu’une salle communautaire.
En 2000, l’animateur de radio Roger Drolet a mis la main sur le bâtiment et y a entrepris d’importantes rénovations pour en faire un manoir digne des châteaux français.
Un promoteur immobilier a finalement racheté le manoir en 2015.