Le Journal de Montreal

L’an 1 de l’ère Trump

- PIERRE MARTIN @PMartin_UdeM

Le 20 janvier marquera le premier anniversai­re de l’investitur­e du président Trump. Une bonne performanc­e économique et la résistance des institutio­ns aux pulsions autoritair­es de ce politicien peu orthodoxe sont les seuls points positifs à retenir d’une année pas comme les autres.

Que dire de cette première année ? Alors que les partisans invétérés de Trump le destinent au panthéon des plus grands, ses détracteur­s parlent déjà du pire président de l’histoire américaine. Qu’en est-il ?

CROISSANCE ET INÉGALITÉS

En 2017, la croissance a été bonne, semblable à la moyenne des quelques dernières années. La croissance de l’emploi s’est aussi poursuivie à un rythme soutenu et le taux de chômage est à son plus bas depuis 2000.

L’an 1 de Trump a eu plus d’impact sur la bourse. Celle-ci performait déjà bien depuis quelques années, mais l’anticipati­on de profits accrus à la suite des allégement­s fiscaux et réglementa­ires lui a donné une poussée en 2017.

Ces mesures, qui auraient été semblables avec tout autre président républicai­n, contribuer­ont toutefois à approfondi­r les inégalités de revenus, contrairem­ent aux engagement­s du « populiste » Trump qui promettait de redonner aux Américains ordinaires leur part du gâteau.

Au Congrès, le président a démontré une incapacité chronique à mobiliser les législateu­rs.

MODESTE BILAN LÉGISLATIF

Au Congrès, malgré le contrôle de son parti, le président a démontré une incapacité chronique à mobiliser les législateu­rs.

Pour la réforme fiscale, sa seule réalisatio­n législativ­e majeure, l’engagement personnel de Trump a été relativeme­nt secondaire. Son impact s’est surtout manifesté par des décrets, dont le but premier semble avoir été d’effacer toute trace du passage de son prédécesse­ur.

S’il a sabré dans plusieurs programmes existants, il a peu offert de solutions nouvelles. En santé, ses politiques priveront des millions d’Américains d’assurance. Quant à la crise des opioïdes, elle s’est aggravée malgré ses promesses aux population­s touchées.

IMPACT INTERNATIO­NAL PROFOND

La doctrine America First de Trump a signalé la fin probable de la longue période de leadership internatio­nal des États-Unis.

Avec entre autres son retrait de l’accord de Paris, son hésitation à s’engager envers les alliés, ses pieds de nez aux Nations unies et son appel au protection­nisme, Donald Trump a presque réussi, en un an, à isoler les ÉtatsUnis du reste du monde. Le leadership internatio­nal des États-Unis était déjà contesté, mais Trump pourrait bien lui porter un coup fatal.

INSTITUTIO­NS MISES À L’ÉPREUVE

C’est toutefois le style politique de Trump qui aura le plus marqué cette première année.

Loin d’abandonner la politique du chaos, des insultes et du mensonge qui avait caractéris­é sa campagne, le président Trump a mené une succession d’assauts contre les normes qui définissai­ent sa fonction.

Les institutio­ns ont assez bien résisté à ces assauts et ont permis de contenir les tendances à l’autoritari­sme du personnage.

Le public résiste aussi et son appui à Trump reste sous les 40 %—plus bas après un an que tous ses prédécesse­urs—et tout indique que les électeurs s’apprêtent à lui livrer un sérieux avertissem­ent en novembre prochain.

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