Crever l’abcès
Le député péquiste Alexandre Cloutier ne sollicitera pas un autre mandat. Ses deux défaites à la chefferie y sont sûrement pour quelque chose. On peut aussi penser que l’idée même de mener campagne sous Jean-François Lisée ne lui souriait guère.
Les deux hommes, c’est connu, ont des visions opposées sur l’orientation de leur parti. En cela, le départ de M. Cloutier est un puissant révélateur d’une division réelle qui, depuis une décennie, mine le Parti québécois et divise le mouvement souverainiste.
RÉCIDIVE
Ce problème est la mise de côté de ses principaux socles – souveraineté et défense de la langue française –, au profit d’un virage dit « identitaire » amorcé sous Pauline Marois en 2007.
Pour gruger dans les talles d’une ADQ montante à l’époque, en pleine crise des accommodements raisonnables, la question de la laïcité, mais surtout des « signes religieux » à proscrire, devenait le centre de son action politique.
En 2013, à la tête d’un gouvernement minoritaire, Mme Marois récidivait avec sa charte des valeurs. Cette fois-ci, pour tenter de rivaliser avec la CAQ. On connaît la suite.
TRANCHER
Résultat : dès 2007, il s’est créé deux clans au sein du PQ et du mouvement souverainiste. D’un côté, ceux pour qui la préservation de l’identité québécoise reposerait sur une laïcité à la française. De l’autre, ceux pour qui elle repose sur une société pluraliste, de langue française et indépendante.
Au sein du caucus péquiste, les deux clans coexistent toujours. Alexandre Cloutier est du second et M. Lisée, du premier. Or, à quelques mois des élections, ce caucus devra trancher clairement entre ces deux visions opposées.
Non pas par « calcul » électoraliste, mais par souci de crever l’abcès. Le virage de 2007 et ses suites ont grandement affaibli le PQ et son option sans empêcher pour autant la résurrection de l’ADQ à la CAQ et sa montée. Il est temps de le réaliser.