Augmentation historique du salaire minimum
Le taux horaire passera à 12 $ dès le 1er mai
Québec va de l’avant avec une hausse historique du salaire minimum à 12 $, le 1er mai prochain, soit une augmentation de 6,67 %, la plus forte en 10 ans. Une pilule dure à avaler pour des PME qui craignent pour leur chiffre d’affaires.
« Monter le salaire comme ça, c’est l’économie qui doit soutenir ça. Ce n’est pas le premier ministre ni le gouvernement qui doit imposer l’augmentation de salaire », s’est désolé César Narea, gérant du restaurant Dame Nature au coeur de la gare Windsor à Montréal.
Au 1er mai prochain, les travailleurs au salaire minimum gagneront 12 $ l’heure plutôt que 11,25 $, une hausse de 75 cents. Déjà, en mai dernier, ils avaient obtenu une augmentation de près de 4,7 %, de 10,75 $ à 11,25 $ l’heure.
Avec cette nouvelle hausse, une personne travaillant 40 heures par semaine gagnera annuellement 1560 $ de plus que l’an dernier, soit 24 960 $, comparativement à 23 400 $.
Quant aux travailleurs à pourboires, ils verront leur salaire passer de 9,45 $ à 9,80 $ l’heure, soit en hausse de 3,7 %.
La nouvelle a eu l’effet d’une bombe pour M. Narea. « C’est trop, trop vite », a soupiré l’homme qui se doit de gonfler ses prix pour encaisser le coup.
Pour une autre responsable de magasin accrochée au même centre commercial hier, le 12 $ était une bonne nouvelle. « La vie coûte cher. Que ce soit le loyer ou l’épicerie. Et tout. Même en tant que gérante, je fais un certain salaire, mais ça arrive juste », a-t-elle confié, préférant garder l’anonymat.
Même son de cloche pour une jeune employée de boutique qui a refusé qu’on la nomme pour éviter de déplaire à ses patrons. « Honnêtement, c’est une bonne chose. On est quand même exploité au salaire minimum pour vrai », a-t-elle dit.
MAUVAISE CIBLE
Martine Hébert, porte-parole nationale de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), pense que Québec rate sa cible en augmentant plus vite que prévu le salaire à 12 $ l’heure.
« On se tire dans le pied. Il y a d’autres mesures plus efficaces comme la fiscalité pour aider les travailleurs à faibles revenus », a-t-elle partagé.
Joint par Le Journal, le président de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), Daniel Boyer, a reconnu que c’était une bonne nouvelle, mais que Québec devait en faire bien plus… comme de passer le salaire minium au fameux 15 $ l’heure.