Le Journal de Montreal

Aucun coupable pour l’explosion

Les trois accusés de la tragédie ferroviair­e espèrent tourner la page, mais n’oublient pas les 47 morts

- CAROLINE LEPAGE

SHERBROOKE | L’explosion d’un train qui a fait 47 morts au centre-ville de Lac-Mégantic, le 6 juillet 2013, n’était pas un geste criminel, a conclu un jury après neuf jours de délibérati­ons, hier au palais de justice de Sherbrooke.

Les trois ex-employés de la Montreal, Maine & Atlantic (MMA), Tom Harding, Jean Demaître et Richard Labrie étaient émus et soulagés d’être acquittés des accusation­s de négligence criminelle qui pesaient sur eux depuis quatre ans. Mais ils n’oublieront pas les 47 morts causés par l’explosion du train dont ils avaient la responsabi­lité le 6 juillet 2013.

Tom Harding, le conducteur du train qui n’avait pas mis assez de freins à main, a été incapable de s’adresser aux médias et a fui à la course dans sa voiture.

Son avocat, Thomas Walsh, a affirmé que son client était content de tourner la page, mais était trop ému pour parler. « Il ne peut pas faire autrement que de rester très marqué », a-t-il dit.

« Ç’a été un calvaire », a résumé l’ex-directeur du transport à la MMA, Jean Demaître, en faisant référence aux quatre dernières années.

EN LARMES

L’avocat de Jean Demaître, Gaétan Bourassa, souhaite qu’il reprenne un peu sa vie en main, maintenant que ce procès très émotif est derrière lui.

L’ex-contrôleur ferroviair­e, Richard Labrie, n’a pu retenir ses larmes en lisant un mot adressé « aux 47 victimes et à tous les gens de Lac-Mégantic ».

« J’espère que vous avez les réponses que vous demandiez avec ce procès-là. Malgré que je n’aie jamais parlé, j’ai toujours pensé aux autres. Je voudrais dire que les gens de Lac-Mégantic, avec ce qu’ils ont [vécu], ils nous ont montré beaucoup de courage, d’entraide et de résilience », a-t-il exprimé, avant de dire qu’il souhaite retrouver l’anonymat.

Le père d’une des victimes, Jean Clusiault, qui a suivi assidûment le procès, trouve que ces trois individus ne méritaient pas qu’on brise leur vie.

« On les a traités comme des tueurs », a-t-il dénoncé.

PAS LES VRAIS COUPABLES

Selon lui, les vrais coupables sont plutôt les dirigeants de la compagnie et Transport Canada, qui a permis à la MMA de transporte­r des produits dangereux avec un minimum de règles de sécurité.

Même s’il a été acquitté au criminel, Tom Harding n’est pas au bout de ses peines puisqu’il devra faire face à un recours collectif déposé contre lui, la MMA et le Canadien Pacifique. Il devra aussi se défendre contre une accusation pour le non-respect de la réglementa­tion ferroviair­e.

Après avoir annoncé être dans une impasse, mardi, les huit hommes et quatre femmes du jury ont repris leurs délibérati­ons pour arriver à ce verdict unanime hier. Tout le monde a souligné le sérieux de leur travail, qui n’était pas facile (voir autre texte en page 2).

– Avec la collaborat­ion de David Prince

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 ?? CAPTURE D’ÉCRAN, TVA NOUVELLES ?? Le conducteur du train Tom Harding (à gauche) était accompagné de son avocat Thomas Walsh.
CAPTURE D’ÉCRAN, TVA NOUVELLES Le conducteur du train Tom Harding (à gauche) était accompagné de son avocat Thomas Walsh.
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PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, CAROLINE LEPAGE Ex-directeur du transport à la MMA, Jean Demaître a admis avoir connu quatre années infernales.
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CAPTURE D’ÉCRAN, TVA NOUVELLES L’ex-contrôleur ferroviair­e Richard Labrie avait du mal à contrôler ses émotions, hier au Palais de justice de Sherbrooke.

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