Pas de programme spécifique pour les jeunes doués
Le Québec se tire dans le pied en privant ses élèves surdoués d’avoir accès à des programmes scolaires accélérés et adaptés à leurs besoins, disent des experts qui déplorent que l’intelligence soit un sujet aussi tabou dans la province.
« On a tendance à vouloir aider ceux qui tirent le plus de la patte, ce qui est tout à fait normal, mais on oublie l’autre extrême. Les surdoués ont aussi de grands besoins et le système scolaire conçu pour tous ne leur convient pas », déplore Sylvie Régnier, présidente de Haut potentiel Québec, un organisme créé en 2012 et voué à sensibiliser les Québécois à la douance.
Elle estime que l’intelligence est un sujet qui fait peur aux Québécois. Un avis partagé par Huguette Lamontagne, membre du regroupement de personnes surdouées Mensa Canada. « C’est comme si ce n’était pas une bonne chose de dégager la masse, surtout intellectuellement », explique la dame, qui est elle-même surdouée.
OUBLIÉS
Contrairement à l’Ontario, la France et les États-Unis, les enfants doués au Québec ne sont toujours pas reconnus comme ayant des besoins particuliers dans la politique éducative.
Certains s’ennuient à mort à l’école parce qu’ils comprennent plus vite que les autres. Ils ont aussi plus de chances de décrocher de l’école que les élèves normaux, explique la psychologue française spécialiste de la douance Jeanne Siaud-Facchin.
« Certains finissent par en être malade ou à avoir des troubles de comportement en classe. Même dans les groupes et les écoles où sont déjà rassemblés les meilleurs élèves », ditelle, dans un entretien avec Le Journal.
Cette situation pourrait toutefois changer d’ici à 2030 dans la province.
Depuis l’an dernier, Québec tient compte de la douance dans sa nouvelle Politique de la réussite éducative. On y lit entre autres que « la diversité des besoins inclut également ceux des personnes douées et des personnes qui n’éprouvent pas de difficultés particulières ».