Pas de libération pour un meurtrier allégué
Il est accusé d’avoir volontairement allumé l’incendie qui a tué une aînée
La famille d’une nonagénaire qui a péri dans l’incendie criminel d’une résidence pour personnes âgées cet été est soulagée que le présumé incendiaire se soit vu refuser sa liberté.
« S’il avait été libéré, j’aurais trouvé ça injuste. Parce que nous, ce drame va nous suivre toute notre vie », lance Lorraine, la fille de Marcelle Magnan.
La victime de 94 ans a perdu la vie le 9 juillet dernier dans l’incendie criminel de la résidence pour personnes âgées où elle venait d’emménager. Au total, 42 autres aînés, presque tous à mobilité réduite, avaient été sauvés. Plusieurs avaient été hospitalisés.
Alain Landais, un voisin de la résidence, a été arrêté quelques semaines après, puis accusé d’incendie criminel et du meurtre prémédité de Mme Magnan.
Avant les Fêtes, l’accusé de 44 ans avait demandé au tribunal d’être libéré dans l’attente de son procès. Mais hier, un juge lui a refusé ce privilège.
CRIME GRAVE
Il est en effet relativement rare qu’une personne accusée du plus grave crime dans le Code criminel jouisse d’une telle libération. Une ordonnance de non-publication empêche de révéler la preuve présentée en cour, ainsi que les motifs de refus du juge Michel Pennou, de la Cour supérieure.
Le regard fixé vers le sol, l’accusé n’a pas bronché lorsqu’il a entendu la décision.
« Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un crime très grave, avec d’importantes conséquences. Je suis soulagée [de la décision du juge], mais en même temps ça n’efface pas ce qui a été fait », insiste la fille de la victime.
En effet, la période des Fêtes sans sa mère a été très pénible, ajoute Lorraine, qui habitait avec l’aînée depuis cinq ans.
Malgré son âge avancé, Mme Magnan était en excellente forme, soutient sa famille. Mais une hanche cassée il y a plus de 10 ans l’empêchait de vivre seule. La nuit où elle a péri était sa première à la résidence l’Oasis.
« SENTENCE À VIE »
La veille du drame, ses filles avaient passé la journée à déménager ses effets personnels et à organiser sa chambre. En soirée, Mme Magnan semblait excitée de passer une première nuit dans son nouveau chez soi, se souvient Lorraine. Ce n’est que le lendemain que les proches de Mme Magnan ont appris que la résidence avait brûlé.
« Pour nous, d’avoir perdu maman cette nuit-là, c’est une sentence à vie. Elle ne sera plus jamais là, c’est difficile à accepter », admet sa fille.