Tombé malad e en travaillant,il ne peut être soig né
Le Québec ne reconnaît pas le diagnostic de la maladie de Lyme que l’agent de la faune a reçu aux États-Unis
QUÉBEC | Un agent de la protection de la faune de Québec, convaincu d’avoir contracté la maladie de Lyme en travaillant en forêt, est incapable de se faire traiter au Québec, malgré un diagnostic américain qui confirme qu’il en est atteint.
Très mal en point et pris dans un véritable cul-de-sac, il se tourne vers d’autres pays dans l’espoir de prendre du mieux. « On vit l’horreur, on est en mode survie », lance sans détour Julie Francis, la conjointe de Rémy Fortin, 42 ans.
Le père de deux jeunes garçons n’a jamais vu la tique porteuse de la bactérie qui l’aurait infecté. Mais il est convaincu que c’est en effectuant son travail dans les bois, dans Charlevoix ou une autre région, qu’il a contracté la maladie.
Les maux ont commencé dès 2012. Plus le temps passait, plus l’état de Rémy Fortin empirait. En novembre 2016, trop souffrant, un médecin lui signe un arrêt de travail. « Quand je commence à avoir des douleurs, je me sens comme un gars qui a le cancer des os, j’ai mal partout », confie-t-il. Fatigue chronique, pertes de mémoire, douleurs invalidantes, difficulté d’élocution ne sont que quelques symptômes sur sa liste. À travers ces années, l’homme passe le test québécois pour dépister la maladie de Lyme. Les résultats étant chaque fois négatifs, il se tourne l’été dernier vers un test américain, appuyé par son médecin.
Malgré un verdict positif de l’autre côté de la frontière, il se bute à une fin de non-recevoir : un infectiologue a écrit noir sur blanc que le test effectué aux ÉtatsUnis n’était pas reconnu ici, et qu’ainsi rien ne pouvait être fait pour le traiter.
« Aucun infectiologue ne veut même me recevoir », lâche l’homme de 42 ans, découragé, qui fonde maintenant ses espoirs dans des traitements qui pourraient être reçus à l’étranger, aux États-Unis ou en Allemagne, notamment. Il évalue la facture à 60 000 $. « Moi, je veux aller mieux et reprendre mon travail, sinon je perds ma job. »
MALADIE PROFESSIONNELLE
S’il atteint deux ans d’arrêt de travail, il sera « administrativement renvoyé », explique le président du Syndicat des agents de protection de la faune, qui entend mener un combat pour que la maladie de Lyme soit reconnue comme une maladie professionnelle pour ses membres.
« Est-ce qu’on va attendre que ce soit un fléau au Québec pour mieux traiter ça? », tonne Nicolas Roy.
Le député péquiste de Bonaventure, Sylvain Roy, porte-parole de l’opposition officielle en matière de forêts, faune et parcs, appuie le combat du syndicat, qu’il souhaite étendre à l’ensemble des travailleurs forestiers.