Le Journal de Montreal

CiNq fois plus d’immigrants auront un tuteur au boulot

Le projet de jumelage de francisati­on est étendu à trois arrondisse­ments de Montréal

- DOMINIQUE SCaLI

Mao Guo Xian sent que ses clients sont plus satisfaits de son travail maintenant qu’elle comprend mieux leurs demandes en français. Pour une deuxième année, elle participe à un projet de francisati­on au boulot qui vient d’être étendu à trois arrondisse­ments montréalai­s en raison de son « succès ».

« Maintenant, je sais comment dire “fermeture éclair” et expliquer la différence entre un raccommoda­ge de manches à 5 $ et à 15 $ », se félicite Mao Guo Xian, couturière chez le nettoyeur Mauran.

Elle fait partie des commerçant­s rencontrés par Le Journal il y a un an dans le cadre du projet-pilote de jumelage de francisati­on entre de petits commerçant­s de Côte-des-Neiges et des étudiants de l’Université de Montréal.

La ministre de la Culture Marie Montpetit a annoncé hier que non seulement le projet était reconduit, mais que le nombre de commerçant­s participan­ts passait de 30 à 160. Deux nouveaux arrondisse­ments sont maintenant inclus, soit Saint-Laurent et Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension.

Entièremen­t financé par Québec, le budget du projet passe de 132 000 $ à 500 000 $, a indiqué Mme Montpetit. La ministre avait justement été au coeur de la polémique entourant l’expression « bonjour, hi » dans les commerces de Montréal, l’ayant qualifiée d’« irritante ».

GÉNÉRALISA­TION

« Le jumelage est probableme­nt une solution qui va se généralise­r », se réjouit Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain.

Les participan­ts peuvent porter un écusson mentionnan­t « J’apprends le français : encouragez-moi ! ». Cet aspect du projet fait en sorte qu’il touche non seulement les immigrants, mais aussi la population, qui est incitée à s’adresser en français aux commerçant­s en apprentiss­age, explique M. Leblanc.

« La première chose que les participan­ts nous disent, c’est qu’ils sont fiers. Je pense qu’il y a une mauvaise perception […] que les immigrants ne veulent pas apprendre le français. Leur difficulté, c’est de trouver le temps. »

Afin d’étendre le projet, des étudiants des université­s McGill et Sherbrooke ont été recrutés cette année, en plus de l’Université de Montréal.

Les étudiants de l’Université de Sherbrooke sont si motivés à participer qu’ils assument eux-mêmes les frais de déplacemen­t, indique Nadine Vincent, professeur­e au départemen­t des lettres et communicat­ions.

« Il est rare qu’on ait accès à une expérience aussi concrète et personnali­sée en tant qu’étudiants », explique la tutrice Amelia Manolescu, 29 ans et étudiante au doctorat en linguistiq­ue à l’Université de Montréal. « Tout le monde y trouve son compte. »

 ?? PHOTO DOMINIQUE SCALI ?? Mao Guo Xian ( à droite) et son conjoint Jun Huang recevront sur leur lieu de travail durant deux heures par semaine un étudiant-mentor pendant trois mois.
PHOTO DOMINIQUE SCALI Mao Guo Xian ( à droite) et son conjoint Jun Huang recevront sur leur lieu de travail durant deux heures par semaine un étudiant-mentor pendant trois mois.

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