Le Journal de Montreal

L’école est un cauchemar

Un jeune de 13 ans, qui ne croit pas à son diagnostic de douance, a changé d’école trois fois au primaire

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À 5 ans, Fabrice Déry voulait devenir écrivain. Plus tard, il voulait ouvrir son propre musée, être photograph­e ou historien. Le Saguenéen de 13 ans refuse encore de croire qu’il est doué, mais l’école « normale » est pour lui un cauchemar au quotidien.

« Fabrice a un parcours scolaire en dents de scie. Il est allé à l’école pendant certaines périodes, d’autre fois il restait à la maison, car il était anxieux à l’idée de se rendre en classe. Il faisait des crises, dit sa mère, Dominique Coulombe. Les gens ne le savent pas, mais l’enfant doué a des besoins… de grands besoins. »

Son garçon, qui est maintenant en première secondaire, a eu une relation difficile avec l’école dès les premiers jours de maternelle, où il avait même fini par crier dans les corridors.

« Il m’avait expliqué qu’il était tanné de faire la même affaire… on fait des ronds, on nomme les couleurs, on compte les jours de la semaine. Il était tellement mal. Il avait crié et on l’avait mis longtemps face à un mur », explique Mme Coulombe.

Comme d’autres surdoués, Fabrice savait lire avant même de commencer l’école.

Selon sa mère, il faisait semblant de ne pas savoir lire à un certain moment, car il adorait qu’on lui lise des histoires.

Néanmoins, au fil des années, sa relation avec l’école ne s’est jamais vraiment améliorée.

« Plus ça avançait, pire c’était. Il me disait : “Moi, je n’ai pas le temps d’aller à l’école… C’est une perte de temps, j’ai des choses à faire et là je n’ai pas le temps” », raconte Mme Coulombe.

RÉSULTATS EN CHUTE LIBRE

À plusieurs reprises, il a été retiré de l’école. Il a dû faire ses études à la maison.

Il a changé trois fois d’école primaire. Il a aussi sauté une année de la première à la deuxième, mais cela n’a pas été suffisant, dit la mère.

Ses résultats scolaires sont passés de 100 % à 60 %, jusqu’à ce qu’il arrête tout simplement de remettre ses travaux.

Puis à 9 ans, une psychologu­e a proposé aux parents du jeune de lui faire passer des tests de douance.

« On a appris que Fabrice était doué. Lui, dans sa tête, il y a plein d’idées qui trottent. Il a plein de projets et de questionne­ments. Il est en ébullition. Faire ses petits exercices dans les cahiers d’école, ça le tue », dit Mme Couloumbe.

C’est que Fabrice comprend vite et il le dit lui-même, il a horreur de répéter des choses. « Mais ça ne veut pas dire que tout est plus facile moi », dit le garçon qui s’exprime comme un adulte au bout du fil, avec une articulati­on impeccable.

PLUSIEURS INTÉRÊTS

Bien que Fabrice éprouve des difficulté­s à entrer dans le moule pour ce qui est de l’école, c’est un jeune d’une grande curiosité qui s’intéresse à tout.

Il était perfection­niste dans tout ce qu’il faisait déjà très jeune. À 5 ans, il voulait aménager un coin de la maison pour commencer à écrire des livres… Mais l’école, il n’arrivait pas à s’y faire. « J’aime bien apprendre, mais quand vient le temps d’appliquer et de répéter, ça m’ennuie énormément et j’ai de la difficulté à travailler », dit-il.

Ce qu’il aime dans l’école, c’est le concret et le côté social, avec les élèves et les professeur­s.

« Mais en même temps, je trouve ça difficile, parce que les gens n’étaient pas toujours gentils avec moi. Je n’ai aucune idée pourquoi. »

Le jeune refuse encore de croire qu’il est doué.

« Je ne me sens pas différent des autres élèves, assure-t-il. Et je ne veux pas en parler aux autres, parce que sinon ils vont avoir des attentes plus exigeantes. Ils vont me donner beaucoup de choses à faire et ça m’énerve. Ça devient un désavantag­e. »

FINI, L’ÉCOLE

Cette année, Fabrice ne fréquente pas l’école secondaire avec les autres élèves (voir autre texte).

« L’an passé, j’ai eu des problèmes avec l’école, j’ai terminé mon année avec un professeur à la maison. Cette année, je continue de le voir. J’aime ça, il est assez intelligen­t. C’est intéressan­t de parler avec lui. On aborde des sujets qui m’intéressen­t. On ne parle pas juste de l’école… », raconte-t-il.

« J’AIME BIEN APPRENDRE. MAIS QUAND VIENT LE TEMPS D’APPLIQUER ET DE RÉPÉTER, ÇA M’ENNUIE ÉNORMÉMENT ET J’AI DE LA DIFFICULTÉ À TRAVAILLER. » – Fabrice Déry, 13 ans

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Dominique Coulombe et Patrick Déry ont eu beaucoup de mal à trouver une solution de remplaceme­nt à l’école « normale » pour leur fils Fabrice.

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