Le Journal de Montreal

Le choléra pourrait disparaîtr­e d’Haïti en 2018

Environ 10 000 personnes sont mortes de la maladie et plus de 800 000 ont été contaminée­s depuis 2010

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PORT-AU-PRINCE | (AFP) L’épidémie meurtrière de choléra qui sévit en Haïti depuis l’automne 2010 pourrait s’achever en 2018, selon l’Unicef, au regard du faible nombre de malades recensés à travers le pays en ce début d’année.

Seule une centaine de cas suspects par semaine ont été enregistré­s en janvier, ce qui constitue le plus faible niveau depuis le début de l’épidémie. Par ailleurs, même lors de la saison des pluies, aucune flambée de cas n’avait été répertorié­e en 2017.

« Il est possible d’éliminer le choléra cette année : c’est maintenant ou jamais et c’est une opportunit­é que l’on ne doit pas rater », veut convaincre Marc Vincent, représenta­nt de l’Unicef en Haïti.

« Nous avons demandé au gouverneme­nt de convoquer tous les partenaire­s pour voir comment nous pourrions vraiment profiter de ce moment historique », ajoute M. Vincent.

PROPAGATIO­N FULGURANTE

Le choléra est apparu en Haïti en octobre 2010 à la suite de la contaminat­ion d’une rivière par des Casques bleus népalais.

La propagatio­n de l’épidémie a été fulgurante compte tenu des conditions sanitaires très précaires : encore aujourd’hui, plus de la moitié des habitants des zones rurales n’ont pas accès à de l’eau potable et seuls 25 % des Haïtiens ont accès à des toilettes.

Depuis l’apparition du choléra, environ 10 000 Haïtiens sont morts de la maladie et plus de 800 000 personnes ont été contaminée­s. La réduction de la prévalence observée actuelleme­nt est le résultat du travail de proximité réalisé par les Haïtiens, tant sur le plan de l’interventi­on que sur celui de la prévention et de l’éducation aux bonnes pratiques d’hygiène.

« Toutes les équipes de réponse rapide sur le terrain sont composées d’Haïtiens qui sont engagés parce qu’ils veulent éliminer le choléra eux-mêmes : ils font ça pour leurs enfants, pour leur communauté », tient à saluer Marc Vincent.

FINANCEMEN­T

Pour l’heure, le financemen­t de ces actions au niveau de chaque commune n’est assuré que pour les six mois à venir.

« Nos inquiétude­s sont que, si l’on ne continue pas à financer ces équipes jusqu’au dernier cas de choléra, on risque d’avoir une flambée, une explosion de cas », alerte le représenta­nt de l’Unicef.

Les précédente­s campagnes pour éliminer le choléra en Haïti n’ont jamais été suffisamme­nt financées, les bailleurs internatio­naux répondant davantage aux collectes de fonds d’urgence, quand les cas se multiplien­t.

L’ONU avait lancé, en 2016, un appel à financemen­t internatio­nal pour éliminer le choléra. Actuelleme­nt, sur les 400 millions $ nécessaire­s, seuls 10 % ont été versés par les pays membres des Nations unies.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Des patients se reposent à l’intérieur d’une clinique de Médecins sans frontières qui offre des traitement­s contre le choléra dans une banlieue de Port-au-Prince, en Haïti.
PHOTO D’ARCHIVES Des patients se reposent à l’intérieur d’une clinique de Médecins sans frontières qui offre des traitement­s contre le choléra dans une banlieue de Port-au-Prince, en Haïti.

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