Le Journal de Montreal

Enseignant­s... une denrée de plus en plus rare !

- FRANÇOIS BELLEFEUIL­LE

Le ministre de l’Éducation, M. Sébastien Proulx, dénonce, à juste titre, les remplaceme­nts à répétition qui ont cours dans une classe de maternelle de la CSDM. Plus de neuf enseignant­s différents se sont succédé depuis la rentrée scolaire. Triste réalité pour des enfants qui préparent leur entrée à l’école primaire.

M. Proulx, permettez-moi de mentionner que cette désolante situation fait malheureus­ement partie de notre réalité depuis quelques années et que le manque de suppléants dans nos écoles devient de plus en plus criant. Tâche trop lourde au rendez-vous ! Évidemment, la pénurie globale de professeur­s à l’échelle québécoise n’aide certaineme­nt pas la cause.

VALORISATI­ON DES ENSEIGNANT­S

Cette réalité soulève, entre autres, une question de plus en plus présente, soit celle de la valorisati­on des enseignant­s dans l’espace public. Et cette valorisati­on ne passe certaineme­nt pas seulement par le simple fait de souligner, en paroles, l’importance de notre profession. Permettez-moi de vous rappeler que la passion et la vocation ont malheureus­ement leurs limites.

Soyons sérieux, si nous espérons que cette profession retrouve ses lettres de noblesse pour ainsi attirer les meilleurs candidats dans nos université­s québécoise­s, il faudra s’attaquer un jour à l’épineuse question des conditions salariales de nos enseignant­s. Ce n’est certaineme­nt pas avec un salaire de base très discutable que nous allons attirer les meilleures candidatur­es. Après tout, leur salaire ne devrait-il pas être représenta­tif de l’importance qu’on accorde à l’éducation et surtout à la hauteur du travail qu’on leur demande ?

Force est d’admettre que si nous continuons à fermer les yeux sur cette réalité, beaucoup d’étudiants continuero­nt à déserter les facultés d’éducation. Selon plusieurs professeur­s oeuvrant dans les facultés d’éducation, l’exode se fait déjà sentir avant même que la relève ait terminé ses études universita­ires.

RÉALITÉ INQUIÉTANT­E

Afin que cette situation ne perdure pas, il faut agir rapidement, car cette profession a malheureus­ement de moins en moins la cote auprès des jeunes universita­ires conscients de la tâche titanesque qui les attend à la sortie de leur baccalauré­at.

Encore faut-il rappeler que plus de 25 % des nouveaux enseignant­s quittent la profession avant d’avoir achevé leurs cinq premières années dans l’enseigneme­nt. Statistiqu­e inquiétant­e ! Un choix de société s’impose si nous voulons que nos enfants puissent bénéficier d’un enseigneme­nt à la hauteur de leur valeur ! L’éducation ne devrait-elle pas être la pierre angulaire d’une société qui se respecte ? François Bellefeuil­le est enseignant en cinquième année du primaire depuis 25 ans.

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« L’éducation ne devrait-elle pas être la pierre angulaire d’une société qui se respecte ? »

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