Enseignants... une denrée de plus en plus rare !
Le ministre de l’Éducation, M. Sébastien Proulx, dénonce, à juste titre, les remplacements à répétition qui ont cours dans une classe de maternelle de la CSDM. Plus de neuf enseignants différents se sont succédé depuis la rentrée scolaire. Triste réalité pour des enfants qui préparent leur entrée à l’école primaire.
M. Proulx, permettez-moi de mentionner que cette désolante situation fait malheureusement partie de notre réalité depuis quelques années et que le manque de suppléants dans nos écoles devient de plus en plus criant. Tâche trop lourde au rendez-vous ! Évidemment, la pénurie globale de professeurs à l’échelle québécoise n’aide certainement pas la cause.
VALORISATION DES ENSEIGNANTS
Cette réalité soulève, entre autres, une question de plus en plus présente, soit celle de la valorisation des enseignants dans l’espace public. Et cette valorisation ne passe certainement pas seulement par le simple fait de souligner, en paroles, l’importance de notre profession. Permettez-moi de vous rappeler que la passion et la vocation ont malheureusement leurs limites.
Soyons sérieux, si nous espérons que cette profession retrouve ses lettres de noblesse pour ainsi attirer les meilleurs candidats dans nos universités québécoises, il faudra s’attaquer un jour à l’épineuse question des conditions salariales de nos enseignants. Ce n’est certainement pas avec un salaire de base très discutable que nous allons attirer les meilleures candidatures. Après tout, leur salaire ne devrait-il pas être représentatif de l’importance qu’on accorde à l’éducation et surtout à la hauteur du travail qu’on leur demande ?
Force est d’admettre que si nous continuons à fermer les yeux sur cette réalité, beaucoup d’étudiants continueront à déserter les facultés d’éducation. Selon plusieurs professeurs oeuvrant dans les facultés d’éducation, l’exode se fait déjà sentir avant même que la relève ait terminé ses études universitaires.
RÉALITÉ INQUIÉTANTE
Afin que cette situation ne perdure pas, il faut agir rapidement, car cette profession a malheureusement de moins en moins la cote auprès des jeunes universitaires conscients de la tâche titanesque qui les attend à la sortie de leur baccalauréat.
Encore faut-il rappeler que plus de 25 % des nouveaux enseignants quittent la profession avant d’avoir achevé leurs cinq premières années dans l’enseignement. Statistique inquiétante ! Un choix de société s’impose si nous voulons que nos enfants puissent bénéficier d’un enseignement à la hauteur de leur valeur ! L’éducation ne devrait-elle pas être la pierre angulaire d’une société qui se respecte ? François Bellefeuille est enseignant en cinquième année du primaire depuis 25 ans.