HOCHELAGA TERRE DES AMES
PRÉSENTEMENT AU CINÉMA
J’ai eu l’occasion d’interviewer François Girard à deux occasions au cours de la dernière année. De longues entrevues qui ne trompaient pas sur ce qu’il voulait que devienne
Hochelaga, Terre des Âmes, sur ce qu’il voulait que ce soit. Il était totalement habité par son projet, par son récit, par cette histoire qu’il a choisi de faire remonter à 750 ans, et pas seulement à l’arrivée de Cartier en 1534, par sa vision aussi, par son désir de réconciliation et par sa volonté de rendre un bouleversant Ce voyage dans le temps plus que dans l’espace nous est raconté par un cinéaste habité par la beauté et qui est surtout capable de l’illustrer; par des images magnifiques, bien sûr, mais aussi dans les détails, dans le choix de ses acteurs typés, hommage aux Premières Nations présentes sur cette terre bien avant les Européens.
Connaissant la passion du producteur Roger Frappier et du cinéaste, je m’attendais à beaucoup et à bien des choses, mais pas à ce que j’ai vu sur cet écran et qui m’a complètement chaviré. Girard s’est attaqué à un gros morceau qui ne pouvait se résumer à un récit banal. Il a vite saisi que cette histoire qu‘il avait choisi de raconter exigeait dans leur grâce et leur élégance, chez ses personnages, dans ses scènes de séduction et d’amour entre un coureur des bois et une jeune Amérindienne qui n’est que splendeur. Encore faut-il être capable de saisir l’esthétique et de diplomatie, finesse, sincérité.
Dans le contexte actuel, pas celui du 375e, je veux dire dans le contexte actuel de nos rapports avec les Premières Nations, dans cet exercice de réconciliation, dans l’étalage quotidien de bavures impardonnables, ce film relatant la découverte par un archéologue mohawk de la trace du village iroquois Hochelaga ne pouvait se résumer à un simple long métrage historique. la filmer. C’est ici que la sensualité et la sensibilité de François Girard prennent toute leur dimension.
Ce film aurait pu être d’un ennui mortel, le piège historique était réel. Or, même la spiritualité présente Aussi, Hochelaga, Terre des Âmes – un titre soit dit en passant que j’adore – prend la forme cinématographique de tableaux qui nous entraînent d’une époque à une autre, des footballeurs du stade Percival-Molson aux guerriers iroquois d’autrefois, des doctorants de l’Université de Montréal aux patriotes en fuite, du chaman à Marie de la Visitation… mais toujours peint au même endroit, sur le flanc du mont Royal. C’est comme si Girard le réalisateur et Girard le metteur en scène d’opéra étaient devenus frères de sang. du début à la fin, à travers les époques, au fil des siècles et dans une symbolique envoûtante nous est offerte avec authenticité. Pas un instant, il ne nous vient à l’esprit que ce qu’on nous montre est faux. On croit. On y croit.
« CE QUE J’AI VU SUR CET ÉCRAN M’A COMPLÈTEMENT CHAVIRÉ. » Franco Nuovo, Ici Radio-Canada