Le Journal de Montreal

Plus d’expulsions à venir à cause du cannabis

- BORIS PROULX

La décision d’expulser un homme de Matane de son logement pour avoir incommodé ses voisins avec sa fumée de cannabis autorisé est un précédent qui pourrait inciter d’autres cas semblables, même après la légalisati­on.

« Les propriétai­res vont utiliser ce jugement-là, ça va créer jurisprude­nce. Il faut craindre le pire, dans le sens où c’est surtout les personnes les plus vulnérable­s qui consomment du cannabis médical », avance Maxime Roy-Allard, porte-parole du Regroupeme­nt des comités de logements et associatio­ns de locataires du Québec.

Il perçoit un « climat de paranoïa » dans le discours ambiant selon lequel les propriétai­res devraient interdire complèteme­nt à leurs locataires de fumer le cannabis, à quelques mois de la légalisati­on prévue pour juillet 2018.

PREMIÈRE

La Régie ne compile pas de données sur les raisons évoquées pour demander l’expulsion d’un locataire.

Toutefois, selon les associatio­ns de locataires et de propriétai­res, Ronald Chartier est le premier consommate­ur de cannabis aux fins médicales expulsé de chez lui pour cette raison.

« Cette décision en matière de cannabis médicinal ne traite que de l’aspect du trouble du voisinage. Le propriétai­re doit faire la preuve qu’il y a de la nuisance », précise l’avocat en droit civil Frédéric-Antoine Lemieux.

Il attend toujours que les tribunaux se penchent sur le droit des propriétai­res de modifier les baux existants, pour y ajouter l’interdicti­on de fumer du pot à l’intérieur.

Jusqu’ici, la cour avait reconnu les droits aux fumeurs de tabac de s’opposer à la modificati­on de leur bail.

SANTÉ PUBLIQUE

Pour la Corporatio­n des propriétai­res immobilier­s du Québec (CORPIQ), cette décision montre que le tribunal se préoccupe de plus en plus de la santé publique.

« Ce sont d’excellente­s nouvelles, non seulement pour les propriétai­res, mais pour les locataires eux-mêmes qui veulent vivre dans un environnem­ent sans fumée », explique son porte-parole, Hans Brouillett­e.

En décembre, l’Associatio­n des propriétai­res du Québec a demandé au gouverneme­nt la possibilit­é de rouvrir des baux pour interdire aux locataires de fumer du cannabis.

Cette question n’a pas encore passé le test des tribunaux, et sera suivie de près tant par les propriétai­res que par les locataires dans les prochains mois.

Newspapers in French

Newspapers from Canada