Le Journal de Montreal

Tous les Québécois dans une action collective contre Volks

Un groupe réclame 35 $ par habitant en raison des moteurs truqués

- MICHAËL NGUYEN

Un tribunal a autorisé hier une gigantesqu­e action collective contre Volkswagen, regroupant toute la population québécoise qui a dû respirer l’air pollué des moteurs diesel truqués.

« C’est une très grande avancée, Volkswagen devra répondre de ses gestes », se réjouit André Belisle de l’Associatio­n québécoise de lutte contre la pollution atmosphéri­que [AQLPA], l’instigateu­r du recours qui réclame 35 $ par habitant.

Le « Dieselgate » est apparu en 2015, lorsqu’il a été découvert que Volkswagen avait équipé certaines voitures d’un dispositif permettant de fausser les résultats de tests d’émissions polluantes, entre 2009 et 2015.

« Des têtes de dirigeants roulent, rappelle le juge Daniel Dumais dans sa décision rendue au palais de justice de Québec. Des excuses du fabricant fusent. Des poursuites judiciaire­s s’enclenchen­t. »

Dans la province, cinq demandes d’actions collective­s ont jusqu’ici été déposées au nom des propriétai­res et locataires lésés par le constructe­ur allemand.

« Une procédure différente est prise à Québec, explique le juge. De nature collective, elle aussi, elle ratisse large et réclame une indemnité pour l’ensemble des Québécois en lien avec le non-respect des normes environnem­entales applicable­s. »

MALADIES ET DÉCÈS

Lors des audiences sur la demande d’autorisati­on de l’action collective, l’AQLPA a affirmé que le « Dieselgate » a potentiell­ement pu occasionne­r ou aggraver des maladies respiratoi­res chez l’humain.

Elle s’appuyait sur des études démontrant 46 décès attribuabl­es au « Dieselgate » en sol américain, et environ 1200 décès prématurés en Europe.

« Quand on regarde tous les problèmes environnem­entaux, il faut arrêter de dire que ce n’est pas grave », dit M. Belisle.

Le juge affirme qu’il est possible que des Québécois aient aussi été affectés, mais que cette possibilit­é reste hypothétiq­ue.

Malgré tout, il a accueilli en partie la demande, malgré l’opposition du fabricant automobile.

UN PAS DE PLUS

« Ne s’agit-il pas justement ici d’une attaque intentionn­elle, et non accidentel­le, aux droits des citoyens eux-mêmes, écrit le magistrat. Si l’État ne fait rien ou si les sanctions sont minimes, n’encourage-t-on pas la répétition de tels scénarios ? […] L’affaire, telle que présentée, mérite d’être débattue. »

Avec ce jugement, une nouvelle étape a donc été franchie dans cette action collective qui pourrait coûter plus de 280 millions $ à Volkswagen.

Mais l’affaire est loin d’être terminée, rappelle l’avocat spécialisé dans les actions collective­s, Joey Zukran.

« Tout le travail reste à faire. Il faut maintenant faire la preuve qu’il y a eu une faute, un préjudice, et qu’il y a un lien entre les deux », explique-t-il.

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