Le Journal de Montreal

« Que justice soit rendue »

Le frère d’une victime lance un cri du coeur un an après la tragédie

- NICOLAS LACHANCE

QUÉBEC | Le frère d’Abdelkrim Hassane, mort sous les balles à la grande mosquée de Québec, s’attend à ce que la « justice soit rendue » dans le procès de l’accusé de meurtre Alexandre Bissonnett­e.

Joint à Paris, Kader Hassane a livré un poignant témoignage au Journal. « C’est brutal, c’est violent. C’est impensable et inimaginab­le de perdre la vie comme ça dans un lieu de culte », se désole l’homme d’origine algérienne. Il a vécu quelques années au Québec, avant de s’établir en France.

« L’accusé, tout le monde le connaît. Les délais du procès, ça commence un peu à être notre préoccupat­ion », a-t-il indiqué, soulignant toutefois sa confiance dans le système canadien. « Il faut que la justice fasse son travail, parce qu’un tel drame est inhumain. »

Le procès d’Alexandre Bissonnett­e doit commencer le 26 mars prochain et pourrait s’échelonner sur deux mois. L’homme de 27 ans est accusé du meurtre de six personnes de la communauté musulmane, de tentative de meurtre à l’égard de cinq autres personnes et de tentative de meurtre avec une arme à autorisati­on restreinte à l’égard de 35 personnes.

NE PAS OUBLIER

D’ailleurs, à l’aube du premier anniversai­re de la tuerie, il souhaite que les Canadiens, et en particulie­r les Québécois, n’oublient pas ce qui s’est passé dans la nuit du 29 janvier 2017.

« Voir un tel drame se produire au Canada, une terre d’accueil et de tolérance… C’est juste impensable, a-t-il soutenu. Il ne faut plus jamais que quelqu’un soit tué pour son origine ou sa religion. Karim (son surnom) était quelqu’un qui pratique une religion de paix, d’amour et de tolérance. »

DEUIL DIFFICILE

Lorsqu’il a reçu le coup de fil de sa bellesoeur pour l’informer de l’attentat, Kader dormait paisibleme­nt. « Il n’a pas donné de nouvelles. On s’inquiétait. Mais on a appris rapidement que Karim faisait partie des victimes. Tout le monde l’attendait à la maison », a-t-il confié.

Analyste en informatiq­ue pour le gouverneme­nt, l’Algérien Abdelkrim Hassane était au Québec depuis 2010. Il y vivait avec sa femme Louiza et leurs trois petites filles. Malgré la distance, les frères étaient « très proches ». Rapidement après l’annonce du décès, Kader a pris un vol pour le Québec afin de constater lui-même la mort de son frère.

« Ç’a été la réaction d’un grand frère, je ne pouvais pas rester comme ça et attendre. Je ne le croyais pas. Je devais prendre ce vol pour voir sur place, pour réaliser, a-t-il relaté, encore ému. Je ne voulais pas le croire jusqu’au moment où je l’ai vu. »

Un an après, Kader a encore du mal à réaliser le départ de son frère.

Kader soutient que la femme de son frère et ses enfants sont très bien soutenus par le gouverneme­nt du Québec, et ce, autant sur le plan humain que financier. Pour l’instant, il n’est pas question pour la petite famille de quitter le Québec. « Ma belle-soeur a choisi de rester pour ne pas trop perturber les filles. Déjà, il y a la disparitio­n de leur papa », termine-t-il.

« mort C’est violent. Ce n’est brusque naturelle. On pas a du une et mal un an à faire après. le Ça deuil, devient très pesant. Il y a un impact sur la vie personnell­e et profession­nelle. » — Kader Hassane, frère d’une victime

 ?? PHOTO COURTOISIE ?? Kader (à gauche) et son défunt frère Abdelkrim Hassane ont eu des parcours similaires. Ils étaient très proches. Ils sont photograph­iés lors d’une balade au parc de la Chute-Montmorenc­y, à Québec.
PHOTO COURTOISIE Kader (à gauche) et son défunt frère Abdelkrim Hassane ont eu des parcours similaires. Ils étaient très proches. Ils sont photograph­iés lors d’une balade au parc de la Chute-Montmorenc­y, à Québec.

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