Le Journal de Montreal

Le covoiturag­e fait mal à l’autobus

- STÉPHANIE GENDRON

Les voyageurs des régions qui doivent se rendre dans les grands centres se tournent de plus en plus vers le covoiturag­e parce que c’est moins cher et plus simple, surtout avec l’avènement des réseaux sociaux, au désespoir des transporte­urs par autobus qui doivent trouver des solutions.

Mylène Roberge gère la page Facebook Covoiturag­e Abitibi-Témiscamin­gue depuis une dizaine d’années. Elle compte plus de 17 000 membres, un nombre en hausse constante, remarque-t-elle.

Du 17 décembre au 13 janvier dernier, elle recensait environ 70 publicatio­ns par jour de gens offrant ou demandant un transport, surtout pour Montréal ou Québec.

Pour un trajet Rouyn-Noranda vers Montréal, il en coûte environ 60 $ aller-retour afin de partager les frais d’essence, comparativ­ement à près de 200 $ pour l’autobus.

POUR NE PAS ÊTRE SEUL

« Des gens de plusieurs classes sociales utilisent la page. Il y en a même des fois qui ne demandent rien, qui veulent juste avoir quelqu’un pour les accompagne­r parce qu’ils n’aiment pas faire de la route seuls », dit Mme Roberge.

La plate-forme web de covoiturag­e Amigo Express, qui couvre l’ensemble de la province, compte chaque jour environ 1000 départs. De 70 000 abonnement­s en 2011, l’organisme est passé à près de 500 000 en 2017.

« Les autobus nous perçoivent comme un grand compétiteu­r, mais ce n’est pas ça notre but. On aide les gens à se déplacer. Notre principal concurrent, ce sont les gens qui s’organisent eux-mêmes, via les réseaux sociaux et les petites annonces », dit Félix Proulx, directeur produit chez Amigo Express.

LES AUTOBUS RÉAGISSENT

Le covoiturag­e fait mal au transporte­ur par autobus en Abitibi, Autobus Maheux.

« On a perdu beaucoup de clients sur notre ligne de Montréal, principale­ment à cause de la disponibil­ité du covoiturag­e, avec toutes les plates-formes qui existent, dit François Barrette, directeur régional de la division autocar pour Autobus Maheux, qui tente d’y faire face. On a maintenant accès à une plate-forme de vente électroniq­ue, qui nous permet de faire des promotions et augmenter notre volume. »

Un autre transporte­ur, Intercar, propose des promotions pour se démarquer.

« Amigo Express est mon plus grand concurrent, au niveau des étudiants. J’offre un produit qui est un achat de masse, en achetant à coût de 10 ou 20 allers, ça nous ramène à 20 $ le passage entre Québec et Saguenay. Pour un parent aussi, on est beaucoup plus sécuritair­e », dit Vicky Morin, adjointe à la direction chez Intercar.

Orléans Express tente de tirer son épingle du jeu en rappelant qu’on y offre le wifi, les arrêts dans des lieux physiques, les prises de courant, l’espace pour les bagages et des conducteur­s profession­nels.

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PHOTO COURTOISIE, AMIGO EXPRESS Chaque jour, environ 1000 transports sont proposés sur la plate-forme web Amigo Express.
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PHOTO DAVID PRINCE François Barrette, directeur régional de la division autocar pour Autobus Maheux, tente de faire face à la tendance au covoiturag­e qui est à la hausse.

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