Le covoiturage fait mal à l’autobus
Les voyageurs des régions qui doivent se rendre dans les grands centres se tournent de plus en plus vers le covoiturage parce que c’est moins cher et plus simple, surtout avec l’avènement des réseaux sociaux, au désespoir des transporteurs par autobus qui doivent trouver des solutions.
Mylène Roberge gère la page Facebook Covoiturage Abitibi-Témiscamingue depuis une dizaine d’années. Elle compte plus de 17 000 membres, un nombre en hausse constante, remarque-t-elle.
Du 17 décembre au 13 janvier dernier, elle recensait environ 70 publications par jour de gens offrant ou demandant un transport, surtout pour Montréal ou Québec.
Pour un trajet Rouyn-Noranda vers Montréal, il en coûte environ 60 $ aller-retour afin de partager les frais d’essence, comparativement à près de 200 $ pour l’autobus.
POUR NE PAS ÊTRE SEUL
« Des gens de plusieurs classes sociales utilisent la page. Il y en a même des fois qui ne demandent rien, qui veulent juste avoir quelqu’un pour les accompagner parce qu’ils n’aiment pas faire de la route seuls », dit Mme Roberge.
La plate-forme web de covoiturage Amigo Express, qui couvre l’ensemble de la province, compte chaque jour environ 1000 départs. De 70 000 abonnements en 2011, l’organisme est passé à près de 500 000 en 2017.
« Les autobus nous perçoivent comme un grand compétiteur, mais ce n’est pas ça notre but. On aide les gens à se déplacer. Notre principal concurrent, ce sont les gens qui s’organisent eux-mêmes, via les réseaux sociaux et les petites annonces », dit Félix Proulx, directeur produit chez Amigo Express.
LES AUTOBUS RÉAGISSENT
Le covoiturage fait mal au transporteur par autobus en Abitibi, Autobus Maheux.
« On a perdu beaucoup de clients sur notre ligne de Montréal, principalement à cause de la disponibilité du covoiturage, avec toutes les plates-formes qui existent, dit François Barrette, directeur régional de la division autocar pour Autobus Maheux, qui tente d’y faire face. On a maintenant accès à une plate-forme de vente électronique, qui nous permet de faire des promotions et augmenter notre volume. »
Un autre transporteur, Intercar, propose des promotions pour se démarquer.
« Amigo Express est mon plus grand concurrent, au niveau des étudiants. J’offre un produit qui est un achat de masse, en achetant à coût de 10 ou 20 allers, ça nous ramène à 20 $ le passage entre Québec et Saguenay. Pour un parent aussi, on est beaucoup plus sécuritaire », dit Vicky Morin, adjointe à la direction chez Intercar.
Orléans Express tente de tirer son épingle du jeu en rappelant qu’on y offre le wifi, les arrêts dans des lieux physiques, les prises de courant, l’espace pour les bagages et des conducteurs professionnels.