Elle pourra retourner en déontologie
Une juge a critiqué le travail des policiers en concluant que l’arrestation de la jeune femme était illégale
Le cas d’une femme blessée au bras pendant une intervention policière pourrait être étudié de nouveau à la lumière d’un jugement qui la blanchit, indique le Commissaire à la déontologie policière.
Dans une décision rendue en cour municipale le mois dernier, la juge Katia Mouscardy a innocenté Majiza Philips, 29 ans, de toutes les accusations qui pesaient contre elle pour avoir résisté à son arrestation, jugée illégale, en novembre 2014, à la sortie d’un spectacle à Montréal.
La juge a critiqué sévèrement le travail des policiers qui l’avaient arrêtée, mais aussi leurs témoignages « contradictoires » et leurs oublis « surprenants » devant la cour.
Or, ces mêmes agents avaient utilisé un article de la loi sur la police pour ne pas avoir à témoigner devant le Comité de déontologie policière.
NOUVEAUX FAITS
Ce tribunal chargé de juger les policiers pour leurs erreurs avait donc rejeté la plainte de Mme Philips, en mai 2016, faute de preuves du mauvais comportement des policiers, et ce, plusieurs mois avant que ceux-ci témoignent en cour municipale.
C’est pourquoi Mme Philips souhaite maintenant que le Commissaire à la déontologie examine de nouveau son cas à la lumière des témoignages des policiers.
« Il n’est pas question de se venger. Je veux juste que justice soit rendue et que les policiers soient responsables de leurs actes », a-t-elle précisé hier.
« Sans le témoignage des policiers, on a rejeté sa plainte en déontologie. Mais on lui a donné raison lorsque les policiers sont venus témoigner en cour municipale », fait remarquer le président du Centre de Recherche-Action sur les relations raciales, Fo Niemi, qui épaule la jeune femme dans ses démarches.
Selon lui, la confiance du public envers la police pourrait être fortement ébranlée si le commissaire ignorait la demande de Mme Philips.
POURSUITE
Le Commissaire à la déontologie policière, Marc-André Dowd, exclut d’emblée de rouvrir le dossier, mais se dit ouvert à étudier une nouvelle plainte, ce qui serait une première depuis sa nomination en mars 2017. Celle-ci doit toutefois présenter des faits « nouveaux », a-t-il tenu à préciser.
« Une fois que le commissaire a décidé dans un dossier, son travail est fait et [le contraire] serait problématique parce que les gens pourraient revenir une deuxième, une troisième fois », a indiqué Me Dowd.
En attendant la suite des procédures, Majiza Philips n’exclut pas de poursuivre le Service de police de Montréal au civil pour obtenir un dédommagement.