Le Journal de Montreal

Hochelaga : erreur sur l’accusé

- GILLES PROULX Communicat­eur, spécialist­e de l’histoire

Allez voir Hochelaga : terre des

âmes ! Ma collègue Sophie Durocher me semble trop sévère à l’endroit de ce film, qu’elle a décrié dans ces pages, même si le fond de sa critique est vrai. Ce long métrage fausse la réalité historique dans le but de nous culpabilis­er.

Nos aïeux étaient si peu nombreux et si éparpillés de par le continent que l’alliance avec les Autochtone­s et l’apprentiss­age de leurs langues étaient une nécessité. Ils étaient obligés d’être gentils.

Or, le film présente nos ancêtres comme des génocidair­es… un portrait qui serait exact pour décrire les rejetons du Mayflower et ces habitants de la Nouvelle-Angleterre qui ne communiqua­ient avec les Indiens qu’à coups de fusil…

HUMILIÉS DE CONCERT

Comme de raison, le film axe son intrigue sur les Mohawks… la seule nation majoritair­ement hostile aux Français et fanatisée par les habits rouges. Ils étaient partis de Montréal depuis 70 ans quand Champlain y a remis les pieds.

Il est ridicule de prétendre réconcilie­r les Français et leurs anciens alliés puisque le « génocide culturel » à l’encontre de ces derniers est le fait du régime anglais, puis de la Confédérat­ion de 1867… alors même que les Français se faisaient eux-mêmes humilier et recaler dans la misère.

COUPABLES D’AVOIR PERDU

Depuis la grande paix de Montréal de 1701, nos aïeux formaient avec une quarantain­e de nations amérindien­nes une sorte de « peuple ». Les Américains appellent notre guerre de sept ans la French and Indian War. Cessons de nous attribuer à tort le crime commis par les Anglais après nous et malgré nous. La preuve : le chef Pontiac refusera de reconnaîtr­e la conquête britanniqu­e et rêvera de reprendre le Canada pour y créer un État Franco-Indien…

Pourtant, je vous recommande d’aller voir Hochelaga : terre des âmes. Ce film nous fait revivre l’histoire dans des décors on ne peut plus justes pour camper le séjour de Jacques Cartier chez les Iroquois, l’hôpital de Ville-Marie (même si on ne voit pas Jeanne Mance… dommage) et la fuite des Patriotes poursuivis par les Anglais. Juste pour ça, ça vaut la peine.

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