Le Journal de Montreal

BON JOVI A OUBLIÉ TOMMY ET GINA

-

Dans une entrevue au quotidien The Mirror, en 2012, Jon Bon Jovi a déclaré ceci : « Je suis issu de la classe ouvrière. Mes parents devaient travailler pour joindre les deux bouts. Nous n’étions pas des privilégié­s. »

Les temps et les priorités du chanteur de Bon Jovi ont bien changé. Durant la tournée au nom hautement ironique This House Is Not For Sale, seuls les privilégié­s pourront s’offrir les meilleures places pour voir le groupe, formé dans les quartiers populaires du New Jersey.

À Montréal, au Centre Bell, des forfaits avec visite guidée de l’arrière-scène et quelques autres gâteries sont offerts pour 2000 $ pièce. Frais de manutentio­n, stationnem­ent et bière en sus. Pour des places assises au parterre, des billets platine, c’est 586 $ le sésame. À peine une aubaine.

S’ils existaient vraiment, je doute fort que Tommy et Gina, le couple d’ouvriers fauché que JBJ avait mis en scène dans le succès Livin’ on a Prayer, puissent se payer de bonnes places pour voir Bon Jovi en concert.

Vous me direz que c’est tout simplement la loi de l’offre et de la demande, et qu’étant donné que Bon Jovi vend tous ses billets, le groupe peut bien empocher un maximum de dollars.

C’est quand même bien désolant de constater que la fameuse classe ouvrière dont se réclame JBJ, et qui a contribué à faire de Bon Jovi l’un des groupes les plus populaires dans le monde entier, se retrouve maintenant confinée aux sections les plus éloignées de la scène ou même carrément hors de l’amphithéât­re.

CÉLINE : « UN PRODUIT DE LUXE »

Bon Jovi est loin d’être le seul artiste dont les billets ont suivi une courbe ascendante vertigineu­se au cours des dernières années. Même Céline Dion a récemment fait l’objet de critiques de ses propres fans en raison du prix élevé des sièges de sa tournée en Asie.

Chez les Red Heads, le fan-club non officiel de Céline qui a lancé la polémique en convertiss­ant en dollars américains les tarifs d’un concert à Jakarta, en Indonésie, on ne s’insurge pas tant du prix des billets les plus chers (autour de 1100 $), mais de ceux des sièges les moins dispendieu­x, offerts à 131 $, ce qui les rend inaccessib­les pour une très large portion de la population.

« Céline est devenue un produit de luxe », m’a dit, avec un certain fatalisme, Lise Basbous, présidente des Red Heads.

METALLICA, LES RAISONNABL­ES

Pourtant, il y a moyen pour un artiste de rechercher son profit, ce qui est tout à fait légitime, tout en cultivant une proximité avec ses fans. Metallica est un champion à ce jeu. Quand il a fermé le Colisée Pepsi et le Centre Vidéotron, en 2015, à Québec, le groupe heavy métal vendait ses billets entre 76 $ et 120 $, des prix plus que raisonnabl­es dans les circonstan­ces.

Dans le vieil aréna, il avait même invité une centaine de fans, choisis par un tirage au sort, à assister au concert directemen­t sur la scène, sans que ça leur coûte un dollar de plus.

J’ose à peine imaginer combien Bon Jovi exigerait pour un tel privilège.

 ?? PHOTO WENN ?? La formation Bon Jovi lors d’un spectacle à Endicott, en août.
PHOTO WENN La formation Bon Jovi lors d’un spectacle à Endicott, en août.

Newspapers in French

Newspapers from Canada