Le Journal de Montreal

My Irnik : leçons du Nord

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Mon fils. Dans le court métrage My Irnik présenté au Festival du film de montagne de Banff, Conor Goddard s’adresse à son fils, lui partageant son histoire – et le chemin – qui l’a amené comme Montréalai­s à faire sa vie à Kuujjuaq. Et si on pouvait s’en inspirer ?

Originaire de Lachine, Conor Goddard a découvert l’aventure à 13 ans, lors d’un voyage en famille à travers le pays. Son regard s’est arrêté sur les cartes : les routes qui y sont tracées serpentant le pays, puis les larges étendues en apparence inaccessib­le. L’inconnu.

« Ma mère disait que de partager des aventures resserrait les liens (« shared adventure are building blocks in relationsh­ips », dit l’homme qui, après des années comme guide explorateu­r, en est venu à s’installer de façon permanente dans le Nord. Il y a rencontré sa conjointe.

L’ENFANT EN NOUS

Leur fils Kallun, celui qui a inspiré le film, a maintenant 5 ans. Caitlin, un an et demi, fait aujourd’hui partie de la famille. Ce que Conor transmet comme message à son irnik dans le court métrage réalisé par Matthew Hood et François Lebeau, il le fait aussi à tous les enfants en nous, et à nous comme parents.

LEÇONS DU NORD

Il n’est pas question de tout lâcher pour aller vivre à 15 000 km de la ville qui nous a vus grandir.

« C’est une question de changer son regard pour devenir curieux, comme un touriste le fait en visitant une ville, dit Conor. On s’ouvre alors à vivre des microavent­ures, qu’on gagne à partager avec nos proches. »

En ville un mercredi soir, cela peut consister à tout simplement emprunter une nouvelle ruelle sur le chemin de retour de l’école avec les enfants.

Une telle ouverture aux expérience­s sous-entend un changement de rythme. Lorsqu’on est toujours pressé, on répète les mêmes recettes, on suit les mêmes patrons. « Si on a une chose à apprendre des gens du Nord, c’est leur rythme de vie, ajoute Conor. Ici, on échange avec les autres en prenant le temps de les écouter au lieu de penser à sa prochaine réplique. »

L’horaire n’est pas surchargé. Le climat est maître chez lui sur les territoire­s de glace, et c’est bien compris.

« Personne n’est stressé à cause des conditions météorolog­iques [comme à Montréal], parce qu’on comprend qu’on n’a ni le choix ni le contrôle. Cela ne sert à rien de s’obstiner ou de s’acharner contre le climat, on n’en ressortira pas gagnant », dit Conor.

Le quotidien se construit en sachant pertinemme­nt que tout plan peut se faire balayer à tout instant. Une fois encaissée, cette réalité est la base d’une vie simple, « naturelle ».

S’ENTRAIDER POUR SURVIVRE

Dans le Nord, l’isolement n’est enfin que géographiq­ue.

« Ici, il y a un sens de la communauté exceptionn­el, résume Conor. Tout le monde s’entraide. On n’a pas le choix de s’aider pour survivre à cause du manque de ressources et des conditions météorolog­iques parfois hostiles. »

Entretenan­t ces valeurs, Conor s’applique aussi à nourrir la soif vers l’inconnu de ses enfants et à approfondi­r leur lien avec la nature.

Dans le Nord, celle-ci s’affirme et prend toute la place. En ville, plus discrète, on tend à l’oublier… jusqu’à ce qu’elle s’impose, comme lors de la tempête plus tôt cette semaine. Et si on tentait d’appliquer ces apprentiss­ages, verglas en moins ?

 ?? PHOTO COURTOISIE FRANÇOIS LEBEAU ?? Le court métrage québécois My Irnik célèbre le mode de vie nordique et ses valeurs traditionn­elles.
PHOTO COURTOISIE FRANÇOIS LEBEAU Le court métrage québécois My Irnik célèbre le mode de vie nordique et ses valeurs traditionn­elles.

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