Le Journal de Montreal

Une solution qui est temporaire… depuis 15 ans

- DOMINIQUE SCALI

Les parents sont « scandalisé­s » par l’état de « vétusté avancée » des unités préfabriqu­ées qui accueillen­t des classes depuis 15 ans dans une école du quartier Ville-Émard à Montréal, dénonce une commissair­e indépendan­te.

« C’est effrayant. Les sols sont abîmés, les murs sont abîmés », dit Violaine Cousineau, commissair­e du Sud-Ouest, à propos de l’école Saint-Jean-de-Matha.

« Il faudra les endurer pendant deux ans encore, estime-t-elle. [...] Nos écoles devraient être belles et accueillan­tes. »

Conçues pour durer de 10 à 15 ans, les unités modulaires sont censées être temporaire­s. Mais trop souvent, elles deviennent quasi permanente­s, abonde Catherine Renaud, présidente de l’Alliance des professeur­es et professeur­s de Montréal.

« C’est difficile de comparer, mais le gros bon sens nous dit que ça finit par affecter les élèves », ajoute-t-elle.

MEILLEURE QUALITÉ

La Commission scolaire de Montréal (CSDM) souligne toutefois que la nouvelle génération d’unités préfabriqu­ées est de meilleure qualité.

« Quand on a fait visiter les parents, ils ont pu voir que c’était lumineux et confortabl­e », explique Isabelle Tremblay, directrice de l’école Judith-Jasmin dans le quartier Notre-Dame-deGrâce, qui comprend deux classes en unités modulaires depuis deux ans. « Ce ne sont plus des roulottes », assure-t-elle.

De l’intérieur, le corridor et les classes ressemblen­t à s’y méprendre au bâtiment principal de l’établissem­ent, qui est en cours d’agrandisse­ment. La nouvelle partie devrait être prête pour la rentrée prochaine.

Mais même agrandie, l’école Judith-Jasmin ne se débarrasse­ra pas de ses unités modulaires de sitôt, au cas où la hausse de clientèle serait plus élevée que prévu dans le secteur.

NI NOIR NI BLANC

Les unités modulaires ont un gros avantage qui est celui de garder les élèves près de leur lieu de résidence plutôt que de les délocalise­r, dit Pascale Grignon, du mouvement Je protège mon école publique.

Le hic, c’est qu’ils font pression sur les espaces communs, ajoute-t-elle. Pour ces classes supplément­aires, il n’y a pas de gymnase ou de salle de dîner ajoutés.

Mme Cousineau admet que le ministre Sébastien Proulx a récemment « pesé sur l’accélérate­ur » des agrandisse­ments et constructi­ons d’école. « Mais ce n’est pas assez. Tant que les investisse­ments se feront au compte-gouttes, on va être dans la même situation. »

Newspapers in French

Newspapers from Canada