Le Journal de Montreal

Les « roulottes » annexées aux écoles se multiplien­t

Les établissem­ents de l’île de Montréal manquent de place et d’enseignant­s

- DOMINIQUE SCALI

Les deux plus grosses commission­s scolaires de Montréal veulent tripler le nombre d’unités préfabriqu­ées dans leurs écoles l’an prochain, un bond « sans précédent » qui vise à pallier le manque d’espace alors que des élèves migrants continuent d’affluer.

La Commission scolaire de Montréal (CSDM) a publié lundi un appel d’offres pour obtenir des unités modulaires formant l’équivalent de 100 nouvelles classes pour la rentrée prochaine. Ces unités, parfois communémen­t appelées « roulottes », sont généraleme­nt installées dans les cours d’école et reliées au bâtiment principal par un corridor.

Il s’agit d’une hausse « sans précédent », indique la présidente Catherine Harel Bourdon, puisque la CSDM compte actuelleme­nt 53 classes logées dans des bâtiments préfabriqu­és.

« Ce n’est pas ce qu’on souhaite. Ce n’est pas l’idéal. Mais on est rendu là », avoue-t-elle.

Fortement touchée par l’arrivée d’élèves migrants, la CSDM a connu une augmentati­on de 1860 élèves cette année, soit 600 de plus que prévu. Ces nouvelles unités préfabriqu­ées devraient donc permettre d’absorber cette hausse en accueillan­t environ 1970 élèves.

« FRAPPER UN MUR »

Les chiffres sont encore plus criants à la commission scolaire voisine, Marguerite-Bourgeoys (CSMB), qui accueille 2600 jeunes de plus que l’an passé. Elle envisage donc aussi de tripler son parc d’unités modulaires, passant d’une quinzaine de classes cette année à une cinquantai­ne l’an prochain.

« On continue de recevoir une cinquantai­ne d’élèves par semaine. À ce rythme, on va frapper un mur », résume la présidente Diane Lamarche-Venne.

Même à Laval, la commission scolaire envisage de recourir à presque cinq fois plus d’unités modulaires, passant de cinq classes à 24 l’an prochain, indique la présidente Louise Lortie.

Mais pour la commissair­e indépendan­te Violaine Cousineau, cette « solution d’urgence » est problémati­que parce qu’elle est trop souvent utilisée à long terme (voir autre texte).

« Il ne faut pas que le gouverneme­nt se repose sur cette possibilit­é. Je souhaitera­is que la CSDM soit plus ferme et coriace face à Québec » dans ses demandes pour de nouvelles constructi­ons, avoue-t-elle.

PÉNURIE DE PROFS

De son côté, l’Alliance des professeur­s de Montréal rappelle que ces unités sont moins belles que les vraies classes, donc moins attrayante­s. Elle craint qu’un recours massif aux préfabriqu­ées contribue à décourager les enseignant­s de choisir la CSDM, déjà aux prises avec une pénurie de personnel.

« Je suis certaine que ça a un effet, abonde Catherine Beauvais St-Pierre, qui enseigne dans un modulaire à l’école Judith-Jasmin. [...] Disons que ça ne redore pas l’image de notre profession à la CSDM. »

Ajouter des unités modulaires pour une centaine de classes à la CSDM coûtera 10 millions $, selon l’appel d’offres. La CSDM attend toujours la réponse du ministère de l’Éducation à savoir si elle obtiendra le financemen­t suffisant. L’analyse du dossier est en cours, indique le Ministère.

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PHOTO BEN PELOSSE Catherine Beauvais St-Pierre enseigne dans une unité modulaire à l’école Judith-Jasmin, dans Notre-Dame-de-Grâce, qui accueille 33 % des élèves en classe d’accueil de la CSDM. « Je ne connais personne qui rêve de se retrouver dans ces unités », dit-elle.
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VIOLAINE COUSINEAU Commissair­e indépendan­te

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