Le Journal de Montreal

Le projet-pilote boudé par les victimes de violence

- KATHRYNE LAMONTAGNE

QUÉBEC | La Sûreté du Québec n’a pas encore mis en place son comité indépendan­t chargé de réviser les plaintes non fondées de violence sexuelle, dans un projet-pilote boudé jusqu’ici par les victimes, a appris Le Journal.

En décembre 2017, le ministre Martin Coiteux annonçait le lancement d’un projet-pilote d’un an, en collaborat­ion avec la SQ, afin de réétudier les plaintes en matière d’agression sexuelle jugées non fondées. Le corps policier estime qu’environ 2000 dossiers ont fait l’objet d’enquêtes et ont été fermés sans mise en accusation, depuis 2013.

Alors que la « méthode Philadelph­ie » prône une révision systématiq­ue de ces cas par des civils, ce projet-pilote québécois invite plutôt la victime à formuler une demande de révision via le mav@surete.qc.ca. Or, une poignée d’entre elles ont signalé leur intérêt.

« RÉSISTANCE »

Le Regroupeme­nt québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS) dit comprendre.

« Il y a des années, elles se sont fait dire que leur dossier n’irait pas en cours ou qu’il ne serait même pas déposé au bureau des procureurs de la Couronne. Je ne suis pas étonnée que la plupart se disent : non, je ne me rembarquer­ai pas là-dedans », exprime la porte-parole, Stéphanie Tremblay.

Même son de cloche du côté de la SQ, qui tend à nouveau la main aux victimes. « C’est une aventure rouvrir ça, avance Mme Asselin. Il y en avait peut-être qui n’étaient pas prêtes ou qui avaient peur qu’il y ait trop de dossiers. Au contraire. On est là. Il y a une voie pour ces victimes-là, il y a une tribune pour elles. »

Si la situation persiste, le corps policier pourrait décider de revoir à sa guise l’un ou l’autre des cas non fondés, que la victime se manifeste ou non. « On va en cibler des dossiers, pour les amener au comité. Ça se fait déjà », dit Mme Asselin.

TOUJOURS PAS DE COMITÉ

Rappelons que ces dossiers non fondés seront réexaminés par un comité indépendan­t. Deux mois après l’annonce de sa création, le comité n’a toutefois pas encore été formé et n’a donc pas entamé son travail, ce qui devait pourtant se faire dès le début de 2018, assuraient les autorités lors de l’annonce du projet-pilote.

La révision ne pourrait s’enclencher avant le printemps. « On est en train de constituer le comité, avec toutes les personnes qui ont l’expertise dont on a besoin à la table », rassure Mme Asselin. « Il n’y a pas de désaccord majeur, mais il doit y avoir encore des discussion­s », complète Mme Tremblay.

Le gros problème : la difficulté de désigner une personne par groupe civil qui sera disponible pour assister à toutes les activités de révision du comité, afin d’assurer une continuité et la confidenti­alité des dossiers.

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