Le Journal de Montreal

Un père vit le deuil par l’écriture

Par ses textes, il veut que la mort de son fils de 27 ans éveille aux dangers des drogues

- AXEL MARCHAND-LAMOTHE

« Cette nuit, mon fils Alexandre ne s’est pas relevé de sa dernière chute. Le mal de mer n’est rien à côté de celui du mal de vivre. Quelques pilules l’auront réglé à jamais... »

C’est en ces mots que Francis Pelletier, médecin, poète et photograph­e, a annoncé le décès de son fils Alexandre âgé de 27 ans sur sa page Facebook, le 17 janvier dernier.

« Sa mort doit servir à quelque chose. Ma plus grande qualité est de mettre des émotions en mots », explique le résident de Nicolet, actif dans le domaine des arts depuis une quarantain­e d’années.

Les problèmes de consommati­on de stupéfiant­s d’Alexandre Pelletier étaient connus de la famille depuis longtemps. Ils transparai­ssent dans plusieurs textes que son père a publiés.

« Sa souffrance n’a jamais été plus forte que son plaisir. Il n’a jamais admis qu’il avait un problème », confie avec franchise Francis Pelletier, qui dirige Les Pelleteurs de nuages, une entreprise de création artistique.

FACILE D’ACCÈS

« Avec internet et le dark web, cela amène la facilité d’accès aux produits, dénonce M. Pelletier. La drogue vendue dans la rue est déjà dangereuse, alors quand cela vient de l’étranger, il y a encore moins de contrôle. »

Il espère que son expérience aura un effet sur les « hésitants » à sauter dans les paradis artificiel­s.

« On aura beau emprisonne­r des gens et fermer des labos, le nerf de la guerre, c’est la demande », affirme-t-il.

INTIMIDATI­ON

Alexandre est décrit comme un jeune homme généreux et aimant par ses proches qui l’ont toujours supporté. Sa descente aux enfers a commencé au secondaire alors qu’il était victime d’intimidati­on.

« Il était très sensible et avait une grande culture. Il ne correspond­ait pas au canevas d’un consommate­ur de drogue », mentionne son père, qui aurait voulu voir le talent de son fils éclore.

Ironie du sort ou troublante coïncidenc­e, Francis Pelletier planchait récemment sur la création d’un recueil de textes et de photos intitulé Je te souhaite… Un baume pour le coeur et l’âme, presque prémonitoi­re des évènements à venir pour son fils.

LIVRE

Il y a d’ailleurs ajouté plusieurs textes rédigés depuis le décès de son fils ainsi que des messages de sympathie qui l’ont touché, dont celui de la copine d’Alexandre, Shanya Todd, âgée de 19 ans.

Alexandre Pelletier avait déjà fait six cures de désintoxic­ation, toutes infructueu­ses. La plus récente était l’été dernier et n’a duré que quelques jours.

« La drogue avait pris le dessus sur lui, mentionne en larmes sa copine. Il voulait s’en sortir, mais il n’était pas capable. »

C’est elle qui l’a découvert inanimé vers 3 h du matin dans leur appartemen­t de Trois-Rivières.

Selon elle, ce soir-là, il avait consommé des pilules bleues, probableme­nt des copies d’oxycodone.

« C’était peut-être coupé avec du fentanyl. Il en a peut-être pris une de trop ou fait un mauvais mélange », laisse-t-elle tomber.

Une enquête du coroner a été ouverte pour déterminer les causes exactes de son décès.

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PHOTO AXEL MARCHAND-LAMOTHE Médecin et poète, Francis Pelletier espère que ses écrits permettron­t à d’autres d’éviter le destin tragique de son fils, que l’on voit bébé sur la photo.
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SHANYA TODD Copine du défunt
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ALEXANDRE PELLETIER Décédé

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