Ankara appelle Washington à se retirer « immédiatement » de Minbej
AZAZ | (AFP) La Turquie a sommé hier les États-Unis de se retirer d’une ville du nord de la Syrie qu’elle menace d’attaquer dans le cadre de son offensive contre une milice kurde qui a exhorté la communauté internationale à faire pression sur Ankara.
« Il faut qu’ils (les États-Unis) se retirent immédiatement de Minbej », une ville située à une centaine de kilomètres à l’est de la région d’Afrine où Ankara effectue depuis hier son opération, a déclaré le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu.
Au huitième jour de cette campagne aérienne et terrestre contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) qui préoccupe plusieurs pays occidentaux, le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est dit résolu à « écraser comme un rouleau compresseur » toute menace.
La Turquie mène depuis le 20 janvier une offensive dans la région d’Afrine contre les YPG. Si Ankara qualifie ce groupe de « terroriste », il est l’allié de la coalition antidjihadistes qui combat le groupe État islamique (ÉI).
Plusieurs partis politiques kurdes syriens, dont le Parti de l’union démocratique (PYD), aile politique des YPG, ont appelé hier « la communauté internationale » et « les forces nationales syriennes » à « faire pression par tous les moyens » pour stopper l’offensive d’Ankara.
TENSIONS
Une semaine après son déclenchement, l’opération turque, baptisée « Rameau d’olivier », a renforcé les tensions déjà vives entre Ankara et Washington.
Vendredi, M. Erdogan avait menacé d’étendre à Minbej, et jusqu’à la frontière irakienne, l’offensive actuelle d’Ankara en Syrie, au risque d’entrer en confrontation directe avec les forces américaines.
Dans ce contexte de tensions, la présidence turque a révélé hier que le conseiller à la Sécurité nationale du président américain H.R. McMaster et le porte-parole de M. Erdogan, Ibrahim Kalin, s’étaient entre- tenus vendredi soir au téléphone.
D’après la présidence turque, M. McMaster a « confirmé » à M. Kalin que les ÉtatsUnis ne fourniraient plus d’armes aux YPG au cours de cet entretien qui s’est déroulé après une conversation téléphonique, mercredi, entre M. Erdogan et Donald Trump.
« ROULEAU COMPRESSEUR »
Cette question empoisonne depuis des mois les relations entre ces deux partenaires au sein de l’OTAN, Ankara reprochant à Washington de soutenir ce groupe étroitement lié au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui est engagé dans une guérilla meurtrière en Turquie.
Signe du fossé qui s’élargit, les gouvernements turc et américain ont fait des comptes-rendus considérablement divergents de la conversation téléphonique entre MM. Erdogan et Trump mercredi.
Faisant fi des appels des États-Unis à la « retenue », M. Erdogan a déclaré hier que son pays écraserait « comme un rouleau compresseur [...] toutes les organisations terroristes ».