Harvey s’attend à des Jeux propres
Alex Harvey a confiance en son sport malgré de nouvelles histoires de dopage
PYEONGCHANG | Alex Harvey sait maintenant que le dopage est au ski de fond ce que le froid glacial est à un Québécois : il vous suit jusqu’aux Jeux olympiques de Pyeongchang.
Une autre tuile d’un plafond déjà fragile est tombée sur ce sport de glisse à quelques jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux. Une enquête menée par une alliance de quatre médias européens a révélé en début de semaine que plus de 50 skieurs inscrits aux Jeux auraient présenté au moins une fois en carrière des données sanguines suspectes.
46 % DES PODIUMS
Pistonnés par un lanceur d’alerte « très inquiet pour la probité des Jeux olympiques », le Sunday Times de Londres, les télés allemande ARD et suédoise SVT et le site d’information suisse Republik ont accédé à une banque de données de plus de 10 000 tests sanguins pratiqués auprès de plus de 2000 fondeurs entre 2001 et 2010. Leur travail a conduit à des conclusions de choc : 46 % des médailles aux Championnats du monde et aux Jeux olympiques dans les 16 dernières années auraient été remportées par des skieurs aux passés sanguins « anormaux ».
Sans surprise, la rencontre de presse d’hier du Comité olympique canadien, avec Alex Harvey et cinq autres membres de l’équipe de ski de fond, a dévié sur ce sujet toujours chaud qui contrastait avec le froid mordant des derniers jours à la station Alpensia.
« Je pense que ce seront les Jeux les plus propres, mais je ne peux pas le garantir à 100 % en sachant qu’il y aura plus de 80 athlètes sur la ligne de départ. Mais je pense que ça va être plus propre que les autres Jeux », a répondu Harvey quand un journaliste lui a demandé s’il croyait qu’il y aurait des athlètes dopés à ses côtés durant les deux prochaines semaines.
AUTRE ÉPOQUE
Longuement sollicité sur la question avec son pote Devon Kershaw, le meneur de l’équipe canadienne a usé de son regard d’athlète éveillé pour commenter ce dernier épisode du dopage. L’histoire du jour se voulait d’autant plus pertinente puisque, selon l’enquête, des 290 skieurs qui auraient présenté des analyses sanguines irrégulières sans subir de sanctions, la Russie compterait le plus haut total avec 51, alors que 10 seraient Canadiens.
Harvey a dit devant les médias ne rien savoir de cette dernière bombe qui venait d’éclater, ce qui ne l’a pas empêché de suggérer une explication. Ces dépassements rapportés de niveaux d’hématocrite (% des globules rouges dans le sang servant au transport de l’oxygène) datent d’avant l’apparition du passeport biologique de l’athlète (PBA) en 2009.
« Auparavant, il y avait une limite pour le niveau d’hématocrite et je sais qu’un Canadien, Sean Crooks, avait été au-dessus de la limite [en 2006]. Maintenant, c’est un hématologue qui analyse les données sanguines parce qu’il y en a qui sont naturellement plus élevées, mais moi je n’ai jamais été très élevé. C’est pour ça qu’on fait plus de camps en altitude pour que j’atteigne des niveaux plus élevés en hématocrite », a expliqué le champion mondial du 50 km, pour qui le réel travail olympique débutera avec le skiathlon de 30 km de dimanche.