Le Journal de Montreal

Le pilote des stars s’oppose à un « témoignage sous hypnose »

La Sûreté du Québec aurait utilisé cette technique pour interroger un témoin

- HUGO JONCAS Le recours à l’hypnose pour raviver la mémoire de témoins est très rare au Québec. Elle a toutefois été utilisée à l’occasion, bien que les règles soient très encadrées. Dans une décision datant de 2004, un juge de Sherbrooke a rappelé que cet

Le « pilote des stars » demande de faire annuler un témoignage qui aurait été obtenu sous hypnose dans le cadre de son procès pour le sabotage allégué de lignes à haute tension d’Hydro-Québec, fin 2014.

Le témoin est un bûcheron qui aurait assisté au méfait reproché à Normand Dubé, un pilote d’hélicoptèr­e souvent employé par des vedettes québécoise­s comme Normand Brathwaite et Gaston Lepage.

L’avocat du pilote, Maxime Chevalier, a joint à sa requête le formulaire que la Sûreté du Québec a fait signer au témoin Benjamin Goyette, intitulé « Déclaratio­n d’acceptatio­n volontaire à une session d’hypnose [sic] ».

« J’accepte, par la présente, volontaire­ment et librement, de me soumettre à une session d’hypnose pratiquée par un membre de la Sûreté du Québec », mentionne le document, daté du 23 décembre 2014, deux semaines après l’arrestatio­n du pilote.

Dans sa requête présentée le 9 février, Me Chevalier invoque un jugement de la Cour suprême de 2007, selon lequel un « témoignage posthypnot­ique » est « inadmissib­le pour l’établissem­ent de la preuve ».

De leur côté, les procureurs du ministère public tenteront de démontrer dans les prochaines semaines que le témoignage de Benjamin Goyette n’a pas été obtenu sous hypnose, mais plutôt lors d’une « entrevue cognitive », une technique d’interrogat­oire spécialisé­e censée faciliter les souvenirs.

Le procureur de la poursuite, Steve Baribeau, n’a pas voulu commenter davantage à ce stade. « On va débattre de ce point-là à la cour », dit-il.

« SÉCURITÉ NATIONALE »

Au moins un des méfaits reprochés à Normand Dubé aurait été commis à l’aide du petit avion du pilote. Pour le reste, le procureur de l’État s’oppose à ce que le procès se déroule publiqueme­nt, comme c’est pourtant la norme dans l’administra­tion de la justice.

Hydro-Québec et le Directeur des poursuites criminelle­s et pénales ont obtenu que les détails des méfaits présumés sur les lignes demeurent confidenti­els, en vertu d’un rare avis du Groupe sur la sécurité nationale du ministère de la Justice du Canada.

Au coeur de la preuve sous huis clos figure la méthode précise qu’aurait utilisée Normand Dubé pour saboter, comme on lui reproche, des lignes de la société d’État.

QUESTIONS SANS RÉPONSES

Le public demeure donc dans l’obscurité complète en ce qui a trait à la question au centre de son procès : un simple pilote peut-il à lui seul causer de tels dommages au réseau d’Hydro-Québec ? Sinon, qu’est-ce qui a causé les pannes majeures que la société d’État attribue à Normand Dubé ?

Les 4 et 5 décembre 2014, des problèmes sur les lignes à haute tension dans les Laurentide­s ont plongé pas moins de 200 000 personnes dans le noir, en plus de compromett­re les exportatio­ns d’électricit­é.

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PHOTO D’ARCHIVES Le pilote Normand Dubé a déposé une requête pour faire annuler un témoignage obtenu sous hypnose par les policiers. Ci-contre, le rare formulaire autorisant une « session d’hypnose » par la Sûreté du Québec.

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