HAUT COMME TROIS POMMES
SAINT-SAUVEUR | « Moi mes souliers ont beaucoup voyagé », chantait Félix Leclerc dans les années 1950. Ces paroles s’appliquent à merveille aux bottes de Mikaël Kingsbury.
Avant de voyager à travers le monde, de soulever six globes de cristal, de remporter 48 victoires en Coupe du monde et de décrocher deux médailles olympiques, elles grimpaient à répétition la piste 70 en bordure du champ de bosses du mont Saint-Sauveur.
Âgé d’à peine huit ans, le chaleureux petit bonhomme à la bouille joyeuse passait ses hivers et printemps à dévaler la piste et à sauter sous les yeux attentifs de ses premiers entraîneurs, Olivier Laprade et Julien Allard. Dès lors, ceux-ci savaient qu’ils tenaient un véritable joyau. Ils l’ont entraîné durant environ quatre ans.
« C’était un naturel, un passionné et un travaillant. Si on ne le sortait pas de la pente, il pouvait y passer la nuit, se remémore Julien Allard. Il mangeait du ski. Je ne veux même pas savoir le nombre de fois qu’il a monté la piste à pied. On n’est même pas capable de le compter en kilomètres.
« Dans son regard, il y avait quelque chose, poursuit-il. Plus on lui en donnait, plus il en prenait. Il repoussait sans cesse ses limites et il était toujours dominant.
« Je le vois aujourd’hui avec sa médaille d’or, je me dis que nous n’avons pas manqué notre coup. Je suis tellement content pour lui, témoigne l’ancien entraîneur de ski acrobatique. Il a réalisé son rêve. Il a gagné ce qu’il méritait. »
INSPIRATION
En consultant le palmarès des bosseuses et bosseurs qui ont dévalé les pistes des stations de la Vallée de Saint-Sauveur, on ne peut s’empêcher d’y voir une pépinière de talents.
Les Jean-Luc Brassard, Alex Bilodeau, les soeurs Dufour-Lapointe et Kingsbury ont cheminé dans leur discipline en passant par l’un des sommets de la Vallée. La coupe Saint-Sauveur, remise aux gagnants de la compétition printanière de bosses, affiche neuf médaillés olympiques, dont six d’or. Kingsbury l’a gagnée trois fois.
« Mikaël est une véritable inspiration, affirme Louis Dufour, le fondateur de l’entreprise familiale, fier du skieur de 25 ans. Nous l’avons vu évoluer. Il a passé sa vie ici. Les jeunes athlètes peuvent rêver en le voyant. »
Il faut observer les bosses de la 70, un joyau haut comme trois pommes rêvant de suivre les traces des grands s’y trouve sûrement.