SIX ANS POUR LES ARRÊTER
Jean-Marc Robitaille, ex-maire de Terrebonne
Des cadeaux contre des contrats, selon l’UPAC Son ex-chef de cabinet et l’ex-DG aussi accusés 3 autres personnes rencontrées
Daniel Bélec 62 ans
M. Bélec a été maire de l’ancienne ville de La Plaine jusqu’aux fusions municipales de 2001. Par la suite, il est devenu chef de cabinet du maire Robitaille.
Sa conjointe est Marie-Claude Lamarche, ex-conseillère municipale dans l’équipe de Robitaille.
En juillet 2016, Le Journal révélait que l’UPAC s’intéressait à la spectaculaire entrée de garage en pavé uni, avec de l’espace pour y garer au moins huit véhicules, aménagée devant sa résidence. Les policiers étudiaient la thèse qu’elle ait été construite en tant qu’avantage de la part d’une firme qui obtenait des contrats.
Lui aussi en congé de maladie à la suite des perquisitions de 2016, il a finalement été congédié au début 2017, non sans toucher 100 000 $ comme indemnité de départ.
Luc Papillon 53 ans
Il était directeur général de la Ville de Terrebonne, de 2013 à 2017.
En 2011, l’Agence QMI révélait que M. Papillon avait obtenu le remboursement par les fonds publics de plus de 30 000 $ de factures de restaurant, entre 2008 et 2010, alors qu’il était directeur général adjoint.
Les noms des invités et les sujets abordés lors de ces repas n’étaient presque jamais divulgués sur les comptes de dépenses.
Son patron, le DG Denis Lévesque, s’était même fait payer des sous-vêtements avec des fonds publics.
La résidence de M. Papillon a été perquisitionnée à l’été 2016.
En juin 2017, le conseil municipal a résilié le contrat de travail de son directeur général tombé en disgrâce. Cela n’a pas empêché M. Papillon de toucher une indemnité de départ de 350 000 $, soit l’équivalent de deux ans de salaire.
Normand Trudel 64 ans
Cet entrepreneur, propriétaire de la firme Transport et excavation Mascouche, était très actif sur la couronne nord de Montréal.
Grand ami de Jean-Marc Robitaille, il a obtenu plusieurs contrats publics avec la Ville, surtout pour des travaux de voirie et de déneigement.
Normand Trudel n’en est pas à ses premiers démêlés avec la justice. Il a été arrêté en 2012 en compagnie d’une quinzaine de personnes, dont l’ex-maire de Mascouche Richard Marcotte.
En mars 2017, il a écopé de 15 mois de prison, mais a été libéré moins de cinq mois plus tard.
Jean-Marc Robitaille 62 ans
Il a été maire de Terrebonne pendant presque 20 ans. D’abord élu en 1997, il a été reporté au pouvoir sans interruption lors des quatre élections suivantes, ce qui en faisait l’un des maires avec le plus d’ancienneté au Québec.
Lorsque les premières allégations concernant son éthique élastique ont fait surface, il a d’abord choisi de mentir, en novembre 2013, à propos de voyages sur le luxueux yacht de l’entrepreneur Tony Accurso.
Puis, en 2014, il a reconnu avoir séjourné deux fois sur le bateau d’Accurso, toutes dépenses payées (Tony Accurso ne fait pas partie des gens arrêtés hier).
La pression s’est intensifiée au rythme des perquisitions à son domicile et à l’hôtel de ville de Terrebonne, à l’été 2016.
Puis, en octobre de la même année, notre Bureau d’enquête révélait la teneur du stratagème de corruption allégué par les enquêteurs. Sous pression, Robitaille a d’abord disparu de la place publique en invoquant un congé de maladie, avant de démissionner, le 8 novembre 2016.
Il a touché des indemnités de départ de presque 245 000 $, payées par les contribuables.
En 2017, prévoyant l’arrêter pour corruption, l’UPAC a obtenu des ordonnances de blocage totalisant près de 94 000 $ sur les biens de M. Robitaille, dont son chalet.
Jean Leroux 64 ans
Cet ingénieur est l’ex-président de la firme Leroux, Beaudoin, Hurens & associés (LBHA). Ses entreprises ont obtenu pour plus de 15 M$ de contrats avec Terrebonne entre 2002 et 2013.
Il participait régulièrement au financement des élections de Jean-Marc Robitaille.
Il a été arrêté en 2012 dans le cadre du projet Gravier de l’UPAC, qui visait à démanteler des stratagèmes de corruption à Mascouche, la ville voisine de Terrebonne. Les accusations contre lui dans cet autre dossier ont été retirées en août 2015.