Le Journal de Montreal

Le Parti québécois inquiet des paradis fiscaux

- ANNABELLE BLAIS

Le Parti québécois estime que le gouverneme­nt ne va pas assez loin pour garantir la probité des fournisseu­rs de la Société québécoise du cannabis (SQDC).

La ministre responsabl­e du dossier, Lucie Charlebois, a proposé hier que les producteur­s de pot qui souhaitent obtenir des contrats avec Québec fassent l’objet d’une vérificati­on de l’Autorité des marchés financiers (AMF) d’ici à ce que l’Autorité des marchés publics (AMP) prenne le relais.

« Ce qu’on souhaite, c’est éliminer tout le blanchimen­t d’argent, tout le financemen­t illégal », a affirmé la ministre.

Si l’amendement est adopté, les producteur­s devront avoir une autorisati­on de l’AMF pour obtenir des contrats gouverneme­ntaux. Ces vérificati­ons se feront avant la signature, en cours de contrat et au moment du renouvelle­ment.

Le ministre délégué à l’Intégrité des marchés publics, Robert Poëti, a assuré au Journal que la future AMP fera des vérificati­ons sur les gestionnai­res, mais aussi sur les investisse­urs afin de s’assurer que l’argent du crime organisé ne finance pas le pot.

L’AMF (et bientôt l’AMP) collabore notamment avec l’Unité permanente anticorrup­tion pour ce processus.

FAIBLESSE DÉNONCÉE

Le PQ a cependant dénoncé la « faiblesse » de l’amendement.

« Qu’on le dise clairement : si vous êtes financés par des paradis fiscaux, vous n’avez pas de contrats avec la SQDC », a réagi le député péquiste responsabl­e du dossier, Sylvain Pagé.

En janvier, notre Bureau d’enquête révélait que les paradis fiscaux financent l’industrie du cannabis. De mystérieux investisse­urs avaient alors injecté jusqu’à 165 M$ dans des producteur­s de pot autorisés.

Selon notre récente mise à jour, on évalue maintenant à plus de 370 M$ le total de ces investisse­ments en provenance de pays connus pour être des paradis fiscaux où les taux d’imposition sur les profits sont nuls ou très faibles.

Au moins 35 des 86 producteur­s autorisés par Santé Canada, soit plus de 40 % d’entre eux, ont bénéficié d’un financemen­t offshore, dont Hydropothe­cary et Aurora, qui ont signé des lettres d’intention avec la Société des alcools, qui aura pour filiale la SQDC.

L’amendement sera débattu d’ici la fin de la session, le 15 juin.

 ??  ?? SYLVAIN PAGÉ Député Parti québécois
SYLVAIN PAGÉ Député Parti québécois

Newspapers in French

Newspapers from Canada