Le Journal de Montreal

Le pot provoquera plus d’accidents de la route

La sensibilis­ation devrait viser les grands consommate­urs en priorité

- DOMINIQUE SCALI

Les grands consommate­urs de cannabis ont tendance à prendre plus de risques au volant que les fumeurs occasionne­ls, selon des chercheurs montréalai­s qui lancent un signal d’alarme à quelques mois de la légalisati­on.

Doubler un véhicule dans une zone de dépassemen­t interdit ou accélérer pour passer sur un feu jaune. C’est ce genre de comporteme­nts qu’ont étudié des chercheurs en psychologi­e à l’Université de Montréal.

Plus les jeunes conducteur­s consomment régulièrem­ent du pot, plus ils avouent avoir tendance à prendre des risques derrière le volant, explique la doctorante Noémie Cordelier.

On peut donc s’attendre à une hausse des accidents de la route avec la légalisati­on de la marijuana qui devrait entrer en vigueur l’été prochain, s’inquiète son superviseu­r Jacques Bergeron.

Plusieurs études avaient déjà montré les dangers de la conduite sous l’influence de cette drogue par le passé.

Le Journal publiait d’ailleurs en décembre que la proportion de collisions mortelles impliquant des conducteur­s ayant consommé du cannabis avait plus que doublé dans l’État de Washington en 2014, année où cette substance avait été légalisée.

MÊME À JEUN

Les chercheurs montréalai­s ont demandé à 209 jeunes de 17 à 25 ans de remplir un questionna­ire détaillé. Certains d’entre eux se sont aussi soumis à une simulation en laboratoir­e qui enregistra­it leur vitesse, leur accélérati­on, leurs coups de volant et d’autres aspects de leur conduite.

Le fait d’être à jeun pendant 12 heures avant de se soumettre à l’expérience était au nombre des consignes, précise M. Bergeron.

Les résultats préliminai­res de l’étude suggèrent que la personnali­té et l’impulsivit­é sont liées aux risques que les jeunes prennent au volant, même quand ils sont à jeun.

L’équipe de chercheurs ignore toutefois si c’est le fait de consommer souvent du pot qui rend plus téméraire ou si c’est le fait d’avoir une personnali­té téméraire qui pousse à consommer.

COCKTAIL DANGEREUX

Dans tous les cas, la consommati­on et la prise de risques créent un « cocktail dangereux », résume Mme Cordelier.

Ceux qui sont dépendants du cannabis devraient donc être les premiers ciblés par les campagnes de sensibilis­ation, estime-t-elle.

« On est en retard dans la prévention. […] Pour l’aspect conduite automobile, on n’est pas prêts », assure M. Bergeron.

 ?? PHOTO DOMINIQUE SCALI ?? Le professeur Jacques Bergeron (à gauche), qui étudie la conduite automobile des gens depuis plus de 15 ans, est devant le simulateur de son laboratoir­e. Benjamin Lechasseur, étudiant au baccalauré­at en psychologi­e, s’est prêté au jeu de la simulation.
PHOTO DOMINIQUE SCALI Le professeur Jacques Bergeron (à gauche), qui étudie la conduite automobile des gens depuis plus de 15 ans, est devant le simulateur de son laboratoir­e. Benjamin Lechasseur, étudiant au baccalauré­at en psychologi­e, s’est prêté au jeu de la simulation.
 ??  ?? NOÉMIE CORDELIER Doctorante en psychologi­e
NOÉMIE CORDELIER Doctorante en psychologi­e

Newspapers in French

Newspapers from Canada