La reine moins payée que son prince
Gros scandale. On apprend que dans les deux premières saisons de The Crown, la série-culte de Netflix, l’actrice qui joue la reine d’Angleterre Elizabeth II était moins bien payée que celui qui joue son mari.
Oh my Dear, avant de grimper dans les rideaux de Buckingham Palace, peut-on respirer par le nez, prendre une tasse de thé Earl Grey et faire preuve du légendaire flegme britannique ? Ça n’est pas si scandalous que ça en a l’air.
ON COURONNE LA NOTORIÉTÉ
À première vue, ça paraît bizarre que le personnage principal soit moins payé qu’un rôle de soutien. Comme si Damien était mieux payé que Fanny dans Fugueuse.
Alors évidemment, tout le monde crie au meurtre. Hashtag #Sexismesystémique ! Hashtag #Metoo ! Hashtag #Timesup !
Sauf que le comédien qui joue le prince Philip (le formidable Matt Smith) était déjà fort connu pour son rôle dans une autre série – il a joué pendant six ans dans Dr. Who, un des plus grands succès britanniques –, le genre de reconnaissance publique dont ne bénéficiait pas l’interprète de la reine, Claire Foy.
Cette différence de salaire n’aurait donc rien à voir avec le sexe, mais tout avec… la loi du marché. Cette controverse royale est encore une tempête dans un verre d’eau.
Les acteurs sont représentés par des agents. Ils reçoivent un pourcentage (10 % en général) des honoraires de leur client. Aucun agent n’a intérêt à ce que son client soit moins payé, puisque ses propres revenus sont proportionnels au cachet de son client/sa cliente. Si l’agent du prince Philip a mieux négocié que l’agent de la reine, est-ce du sexisme ?
Autre élément-clé : le facteur d’attrait au box-office (ou aux cotes d’écoute). On dit qu’un acteur est bankable quand il attire sa légion de fans dont on est assuré qu’ils iront voir le film/la série le mettant en vedette.
Si le prince est plus bankable que la reine, n’est-ce pas normal qu’il soit mieux payé ?
Si, au Québec, on fait une série mettant en vedette un artiste archiconnu, mettons Claude Legault, en couple avec une actrice beaucoup moins connue, avec moins d’expérience et dont le nom n’est pas synonyme de cotes d’écoute, faudrait-il, au nom de l’équité salariale, payer l’actrice moins connue autant que Legault, pour ne pas se faire traiter de sexiste ?
Ne serait-ce pas profondément injuste pour Claude Legault, si son cachet ne reflétait pas sa notoriété et son attrait commercial ?
Si une série met en vedette Guylaine Tremblay, actrice chouchoute des Québécois, et un comédien moins connu, n’est-ce pas normal qu’elle soit payée beaucoup plus que lui, au-delà des questions de sexe ?
Être acteur, ce n’est pas travailler dans une usine ou être comptable dans un bureau de 9 à 5. On ne peut pas parler de « salaire égal pour travail égal » sans tenir compte des facteurs popularité et marketing.
LA VENGEANCE DE LA REINE
Une chose est sûre. Avec ses deux saisons dans The Crown, Claire Foy s’est fait des millions de fans et a récolté des tonnes de prix. Ne vous inquiétez pas : son agent va négocier plein de $$$$ pour son prochain rôle. Maintenant, c’est elle qui est bankable !
Cette différence de salaire n’aurait donc rien à voir avec le sexe, mais tout avec… la loi du marché.