Flamboyant, mais décevant
QUÉBEC | Jean Charest, qui avait formé une équipe impressionnante, avec Yves Séguin, Monique Jérôme-Forget, Marc Bellemare, Philippe Couillard, menait une caravane flamboyante en avril 2003.
De ville en ville, l’autobus libéral s’arrêtait, et il martelait son discours. « Eux, c’est la souveraineté, nous, c’est la santé. »
Sans oublier la finale. Le chef libéral assénait : « Je suis prêt, nous sommes prêts », ce qui déclenchait une avalanche de décibels de musique dance. On ne lésinait pas sur le show. La cote de satisfaction à l’égard du gouvernement Landry était élevée avant le déclenchement, mais le vent tournait au rouge.
PROMESSES BRISÉES
Jean Charest a enchaîné une succession de promesses spectaculaires : éliminer l’attente en santé, baisser les impôts de 5 milliards $, transformer l’État au moyen d’une vaste réingénierie, et j’en passe.
C’était trop beau. On le voit aujourd’hui. Pour une vaste majorité de Québécois, l’amélioration du réseau de la santé, qui devait être « la première priorité » de ce gouvernement libéral, ne s’est pas concrétisée.
Baisses d’impôt ? Jean Charest a brisé son engagement, comme Bernard Landry l’avait prédit, ayant prévenu que les finances publiques ne le permettaient pas. Plus tard, Philippe Couillard, lui, a accordé une baisse d’impôt, après des hausses de tarifs, pour les garderies notamment. Quant à la réingénierie de l’État, elle n’a jamais existé ailleurs que dans le programme libéral. Sans compter les objectifs de financement du parti qui ont mené à des dérives, et la hausse draconienne des frais de scolarité qui a provoqué une crise en 2012.
DIGNE REPRÉSENTANT
Mais Jean Charest était un magnifique ambassadeur du Québec. On lui doit d’avoir amorcé les contacts qui ont mené à un accord de libreéchange avec l’Union européenne.
J’ai eu la chance d’être témoin d’une rencontre entre le premier ministre et le maire de Moscou en décembre 2009. Bourru et intimidant, Iouri Loujkov lui avait réservé un accueil glacial typiquement russe.
Mais Charest avait blagué sur sa propre chevelure et avait fini par le mettre dans sa poche. Au terme de la rencontre, sous le charme, l’ours moscovite était prêt à acheter québécois.
C’est dans ces moments que Jean Charest brillait vraiment parmi les meilleurs.