Double hausse surprise de l’or noir
Le prix de l’essence a bondi de près de 7 % depuis le début de l’année dans la région montréalaise
Les automobilistes montréalais ont subi deux hausses surprises du prix de l’essence en une semaine, mardi et hier, une première depuis le début de l’année.
« On reçoit une claque généralement une fois par semaine. Cette semaine, on a reçu deux claques. C’est choquant. C’est fâchant », résume la porte-parole de CAA-Québec, Annie Gauthier.
L’organisme dit que les Québécois rejouent dans le même film depuis le début de l’année.
« La hausse se fait le mardi, puis ça redescend tranquillement, et le mardi suivant, ça recommence. Là, cette semaine, c’est exceptionnel, il y a eu une hausse le mardi et le vendredi », note-t-elle.
HAUSSES RÉPÉTÉES
En un peu plus de trois mois, les automobilistes ont dû piger plus profondément dans leur portefeuille pas moins de 16 fois pour absorber des hausses.
Le prix moyen à la pompe était de 134,9/L à la fin janvier et de 139,9/L mardi. Il a augmenté à 143,9/L hier. Il s’agit d’une hausse de 7 % depuis le début de l’année.
« C’est jeudi dernier que le prix à la rampe [du grossiste] a été le plus élevé depuis le début de l’année », confirme de son côté la présidente de l’Association des distributeurs d’énergie du Québec Sonia Marcotte.
LA BALLE AUX DÉTAILLANTS
Joint par Le Journal, le vice-président de l’Association canadienne des carburants (ACC) Carol Montreuil a renvoyé la balle aux détaillants.
« Le prix à la station-service n’est pas contrôlé par des pétrolières. Il est contrôlé en majorité par plus de 75 % de joueurs indépendants », a-til insisté.
Le haut dirigeant représentant les Pétro-Canada, Shell et Suncor de ce monde indique que les pétrolières sont plus dans le raffinage et moins dans le détail qu’avant. « Même si c’est la bannière Shell ou Esso qui est là, on sait que le propriétaire du site, c’est un Sobeys, un Harnois ou un Couche-Tard, qui a d’un côté le dépanneur et de l’autre côté l’essence », conclut Carol Montreuil.
M. Montreuil affirme que les raffineurs sont à la merci des tensions entre les États-Unis et la Russie. La force de l’économie et les taxes accaparant plus de 40 % du prix à la pompe expliquent aussi la fluctuation des prix, selon lui.
« C’est un mystère. Je deviens de plus en plus cynique devant ces explications-là », laisse tomber le professeur à l’Université de Sherbrooke François Delorme. L’ancien économiste en chef d’Industrie Canada trouve que ces « risques géopolitiques » ont le dos large.