Un homme d’État
Il y a 15 ans, M. Charest devenait premier ministre du Québec. J’ai eu le privilège et l’honneur d’être son conseiller. J’ai été témoin de son dévouement à défendre les intérêts du Québec.
Monsieur Charest est un homme de conviction, plus pragmatique qu’idéologique. Il a mis au service du Québec sa passion, ses talents, son expérience et son sens politique. Il est une personne entière et authentique avec un sens de l’humour insoupçonné. Toujours à l’affût de ce qui arrive à ceux et celles qu’il connaît, il a toujours été d’une indéfectible loyauté vis-à-vis de ses collègues et de ses collaborateurs. Plusieurs peuvent en témoigner.
Il a toujours préconisé l’importance de tisser des liens, ce qui l’a bien servi au niveau des relations intergouvernementales et internationales.
UN QUÉBEC PLUS INFLUENT
Sous le leadership de Jean Charest, le Québec est devenu plus influent sur la scène internationale. Son bilan en la matière est impressionnant et continue toujours d’influencer les actions du Québec à l’étranger. Aucun premier ministre du Québec n’en a fait autant.
Fort de son expérience de ministre fédéral, et imprégné par l’histoire de la nation québécoise, Jean Charest affirmait devant l’ENAP : « Nous croyons que lorsque le gouvernement du Québec est le seul gouvernement compétent pour appliquer un engagement international, il est normal qu’il soit celui qui prenne cet engagement […], ce qui est de compétence québécoise chez nous est de compétence québécoise partout. »
Son action internationale a été fidèle à sa vision et à ses valeurs. Considérant ses nombreuses réalisations au cours de ses 3 mandats comme premier ministre, j’en retiens quelques-unes des plus marquantes.
L’EUROPE
Pour la première fois, deux États, la France et le Québec organisaient une mission économique conjointe dans un autre pays, le Mexique. Cela a permis à des entreprises québécoises de signer des ententes avec des entreprises françaises et mexicaines.
Convaincu que l’avenir est à la mobilité des personnes, il a proposé à la France une entente de reconnaissance des qualifications professionnelles entre nos deux nations. Ainsi, il serait plus facile pour un citoyen québécois ou français de voir ses compétences reconnues plus facilement et plus rapidement. Cette entente a été signée avec le président Nicolas Sarkozy à l’Assemblée nationale en 2008.
L’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne (UE) n’aurait jamais vu le jour si ce n’était de la détermination de Jean Charest. Je souligne sa force de convaincre la Commission européenne de s’intéresser à une éventuelle négociation (janvier 2007) ; de convaincre les Allemands, qui présidaient l’Europe, de mettre le sujet à l’ordre du jour de la rencontre de juin 2007 ; et de travailler avec la France pour que les négociations puissent être lancées lors du sommet canada-UE (octobre 2008 à Québec) alors que la France devait assumer la présidence de l’Europe.
Lors de la négociation, le Québec était en première ligne, à la table des négociations.
LES INSTITUTIONS INTERNATIONALES
De portée internationale, l’entente signée avec le Canada sur la participation du Québec à l’UNESCO en 2006 est historique. Le Canada reconnaît que le Québec joue un rôle sur la scène internationale et le Québec est présent au sein d’une institution des Nations-Unies.
L’appui de M. Charest vis-à-vis de l’organisation internationale de la Francophonie a été soutenu. Il croyait au travail de l’institution et de son secrétaire général Abdou Diouf. Cette collaboration et cette relation de confiance ont débouché, entre autres, sur la tenue du premier forum mondial sur la langue française à Québec.
La protection de l’environnement et le développement durable a toujours été au coeur des préoccupations de M. Charest. Depuis son rôle de ministre fédéral de l’Environnement au Sommet de la Terre de Rio en 1992, il a toujours eu une approche globale de l’enjeu. Parmi ses nombreuses initiatives, je retiens l’adhésion du Québec à la Western Climate Initiative (marché du carbone) et ses nombreuses interventions au Forum mondial de Davos.
Sous sa gouverne, le premier Sommet des Leaders sur les changements climatiques s’est tenu à Montréal en 2005. Réunissant des chefs de gouvernement d’États fédérés et régionaux de partout sur la planète, cette association est importante, car elle reconnaît que ce sont ces gouvernements qui sont au coeur des mesures de mitigation dans la lutte au réchauffement climatique.
Pour moi, Jean Charest est un Québécois qui a une vision claire du rôle du Québec à l’extérieur de ses frontières. Un fédéraliste nationaliste qui a réaffirmé les compétences du Québec au Canada et les a prolongées sur la scène internationale.
SON ACTION INTERNATIONALE A ÉTÉ FIDÈLE À SA VISION ET À SES VALEURS.