Le Journal de Montreal

Il a quitté la rue à coups de jobines

Un ancien itinérant de Montréal est très fier du chemin qu’il a parcouru depuis deux ans pour s’en sortir

- SARAH DAOUST-BRAUN

Après avoir passé deux ans dans la rue, un Montréalai­s a réussi à s’en sortir à coup de jobines et se dit maintenant prêt à refaire sa vie.

Daniel O’Keefe est très fier du chemin qu’il a parcouru depuis deux ans, grâce à Destinatio­n Emploi. La plateforme en ligne de réinsertio­n profession­nelle incite les personnes vulnérable­s à déposer leur candidatur­e, et les entreprise­s à soumettre des offres d’emploi.

« Ce sont des emplois qui leur sont réservés par les employeurs. Ils n’ont pas besoin d’aller sur des sites comme Jobboom avec des candidats qui ont eu moins de problèmes. Ça leur permet de ne pas avoir peur du regard de l’autre », explique le directeur général de la Société de développem­ent social Émile Roux, l’organisme derrière Destinatio­n Emploi.

Grâce à cette initiative, Daniel O’Keefe a occupé plusieurs postes saisonnier­s, entre autres comme brigadier à la propreté sur la rue Masson et monteur de kiosques lors des célébratio­ns du 375e anniversai­re de Montréal.

ENTRETIEN MÉNAGER

« Ça me faisait du bien, ça me sortait de l’aide sociale. Le moral et l’estime de soi revenaient peu à peu », a-t-il raconté, se sentant accueilli dans des milieux positifs et valorisant­s.

Aujourd’hui, l’homme de 48 ans travaille en entretien ménager pour l’entreprise Alphanet, son premier emploi qu’il a trouvé par lui-même hors des réseaux de réinsertio­n.

« Il est vraiment motivé. J’ai été très impression­né par sa résilience. Il a fait ses emplois jusqu’au bout et ne les a pas abandonnés en cours de route », a souligné Émile Roux.

Avant d’en arriver là, Daniel O’Keefe – qui insiste pour dire qu’il est un gars « ben normal » — a traversé une période sombre qui l’a poussé il y a quatre ans vers l’itinérance.

Le Montréalai­s a divorcé de sa femme, avec qui il était marié depuis huit ans, et a perdu sa mère à la même époque, ce qui l’a mené vers la dépression.

« Je travaillai­s comme cuisiner à Holt Renfrew. J’étais bon, j’avais une belle voiture, un bel appartemen­t avec ma femme. Du jour au lendemain, tout a pété. Je suis allé dormir dans des hôtels, j’ai loadé mes cartes de crédit », s’est remémoré le cuisinier de formation.

MOTIVÉ PAR SON FILS

Ce dernier a commencé à fréquenter l’Accueil Bonneau, où il a été mis en contact avec le programme Destinatio­n Emploi.

« Des fois je me levais à 4 h du matin dans les centres d’accueil et je me disais que j’allais être heureux et me trouver un job, que j’allais faire des efforts », a ajouté Daniel O’Keefe.

Sa plus importante source de motivation reste son fils de 10 ans, qui lui donne de l’énergie et qu’il ne peut pas laisser tomber.

Aujourd’hui, Daniel O’Keefe se dit heureux et regarde avec entrain vers l’avenir. Il loue un studio à l’Accueil Bonneau, où il est aussi concierge et surveillan­t, le temps d’économiser son argent pour déménager l’année prochaine dans un appartemen­t dans Rosemont, là où il a grandi.

Il espère que d’autres personnes vulnérable­s pourront s’en sortir grâce à Destinatio­n Emploi, qui a aidé 500 personnes qui se sont partagé environ 600 000 $ de salaires, depuis son lancement en 2016.

« Des personnes comme Daniel, c’est près de 3 % des Montréalai­s. C’est énorme », a indiqué Émile Roux. Selon lui, la métropole compte plus de 50 000 personnes bénéficiai­res de l’aide sociale sans contrainte à l’emploi.

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PHOTO AGENCE QMI, SARAH DAOUST-BRAUN Daniel O’Keefe travaille en entretien ménager après deux ans comme itinérant.

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