Les investissements se font rares
À peine un accord s’est concrétisé au cours de la dernière année à l’émission Dans l’oeil du Dragon à la SRC
Les entrepreneurs qui passent à l’émission Dans l’oeil du dragon à Radio-Canada ont intérêt à ne pas se faire trop d’illusions. La vaste majorité d’entre eux ne concluront jamais d’entente finale.
Des 32 entreprises qui ont reçu et accepté des offres totalisant 2,6 M$ sur le plateau de tournage l’an dernier, à peine une a réussi à concrétiser un accord jusqu’ici : OLA Bamboo a reçu 10 000 $ de Caroline Néron.
La dragonne est sur le point de s’entendre avec Joane L’Heureux Chocolats pour une somme non divulguée tandis que Serge Beauchemin est à finaliser un investissement de 150 000 $.
Pour sa part, Gilbert Rozon a respecté sa promesse d’offrir un kiosque au festival Juste pour rire à Sofa Happy Air (valeur de 15 000 $). Trois entreprises n’ont pas répondu au Journal et une a cessé ses activités (Mixit).
Le taux de succès des ententes faites pendant l’émission l’année dernière s’élève donc à 12,5 % (quatre sur 32).
C’est beaucoup moins qu’à l’émission Shark Tank aux États-Unis, où le taux de réussite est de 57 %, selon Forbes. Ce constat s’appuie toutefois sur sept saisons.
DURE RÉALITÉ
Jean-Philippe Brousseau, PDG de Phone Loops, est déçu de ne pas avoir pu conclure d’entente. « C’est une chose de faire un deal à la télé, mais c’en est une autre d’avoir l’implication substantielle d’un investisseur », relève-t-il. Comme tous les participants, il reconnaît toutefois que l’émission a eu un effet spectaculaire sur ses affaires.
« En fin de compte, l’offre qu’on nous a faite était beaucoup moins intéressante que ce qu’on avait reçu à l’écran, donc on l’a refusée », indique Véronik Lacombe du fabricant de glaces véganes Lacrem.
« Ça n’a pas été ma meilleure année », convient le dragon Serge Beauchemin, qui a participé à cinq saisons de l’émission. L’entente qu’il s’apprête à signer avec Les Écrans verts sera la seule à voir le jour sur les 10 conclues en ondes pour un taux de réussite de 10 %. Sa moyenne sur cinq ans est meilleure : 21 %.
« Quand tu investis, tu t’engages pour au moins cinq ans, alors si tu as des doutes, t’embarques pas », note-t-il.
VOLTE-FACE
« Il y a plusieurs raisons pour lesquelles ça peut ne pas marcher, souligne Christiane Germain. Il peut y avoir un manque d’intérêt de part et d’autre. Des fois, on se rend compte que la réalité n’est pas tout à fait la même que ce qu’on nous avait présenté à la télé. »
M. Beauchemin raconte qu’une entreprise a préféré accepter un prêt bancaire que de s’associer avec lui. « Tu passes tout ce temps-là avec eux, tu les plugges à gauche et à droite et puis c’est “ciao, bye” ! » déplore-t-il.
« Il y en a un qui m’a lâchée puis qui m’a rappelée par après en me disant “là, je vois ce que tu peux faire, pourrais-tu revenir ?” Eh bien non, il est trop tard ! » lance Caroline Néron.
À ceux qui reprochent aux dragons d’être chiches, Serge Beauchemin rétorque que ce n’est pas son cas. En cinq ans, il a investi environ 800 000 $ dans 12 entreprises. Et d’ici un an, il s’attend à devoir radier la moitié de ces placements. Malgré tout, il a adoré l’expérience.