Le Journal de Montreal

Les chasseuses harcelées

Les femmes qui pratiquent la chasse sont victimes de harcèlemen­t psychologi­que et de commentair­es hostiles, selon une étude. Corinne Gariepy est l’une d’elles.

- NICOLAS LACHANCE

QUÉBEC | Les femmes qui pratiquent la chasse sont victimes plus que les hommes de discrimina­tion, de harcèlemen­t psychologi­que et de commentair­es hostiles allant même jusqu’à des menaces de mort, selon une étude.

« Les femmes chasseuses sont des cibles faciles et les attaques à leur encontre sont nettement plus hostiles que celles envers les hommes pour le même comporteme­nt », expose Viviane Lew, médecin-psychiatre au Centre de santé et de services sociaux de La Haute-Gaspésie.

La chercheuse a présenté son étude au récent congrès de l’ACFAS (Associatio­n francophon­e pour le savoir) qui se tenait à Saguenay au début du mois. De plus en plus nombreuses, le tiers des nouveaux adeptes sont des femmes.

Celle qui côtoie plusieurs chasseuses dans le cadre de son travail soutient que ce sont particuliè­rement les militants contre la chasse qui martèlent ces attaques. Elle estime que cela peut affecter l’équilibre mental et provoquer de l’anxiété.

Plusieurs chasseuses québécoise­s affirment faire fréquemmen­t face à des propos désobligea­nts, allant même jusqu’à des menaces de mort sur les réseaux sociaux.

La chasseuse Corinne Gariepy souligne que pour une raison mystérieus­e, les femmes sont beaucoup plus exposées que les hommes aux groupes et militants antichasse.

« Personnell­ement, je reçois quotidienn­ement des messages haineux ou des menaces », dit-elle (voir autre texte).

LANGAGE VULGAIRE

La psychiatre a remarqué que les personnes qui attaquent les chasseuses avaient recours à des insultes sexistes et dégradante­s, en utilisant un vocabulair­e particuliè­rement péjoratif dans le lexique anglo-saxon.

« Elles sont traitées de salopes, de putains, de prostituée­s », relate-t-elle. Certains « appellent à pourchasse­r les chasseuses comme des animaux, à les violer, à les tuer, elles, leur famille et leurs enfants ».

Selon Mme Lew, des détracteur­s vont même jusqu’à remettre en question la santé mentale des chasseuses, en mentionnan­t qu’elles sont malades, qu’elles sont le diable ou les ennemies des animaux.

AMIES DES ANIMAUX

Or, l’experte dénote que les chasseuses n’ont pas de problèmes sociopsych­ologiques particulie­rs.

« Elles ont une identité personnell­e affirmée, convient-elle. Mais, les chasseuses se considèren­t comme des amies des animaux et non comme en quête de trophées.

« Elles insistent sur la conception éthique de la chasse qu’elles défendent comme forme de protection des animaux. »

La dame indique que les chasseuses ont un réseau social et familial important, « ce qui dénote une bonne adaptation sociale ».

La chercheuse Viviane Lew a réalisé une étude qualitativ­e en collectant des informatio­ns provenant de partout dans le monde : sur internet, dans des articles de journaux, des blogues, des sites personnels, sur les profils Facebook des chasseuses en plus d’analyser les commentair­es laissés sous les publicatio­ns.

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PHOTOS COURTOISIE 2
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1. Modératric­e des groupes Facebook « Chasse Qc Hunting » et « Les chasseuses du Québec », Lise Filiatreau­lt a réussi à tuer la limite de deux dindons sauvages au début du mois de mai. 2. Un chevreuil de 10 pointes a été chassé à l’arc à flèches par...

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