Deux policiers du SPVM accusés de voies de fait
Le plaignant, un ex-itinérant, est incarcéré pour trafic d’héroïne
C’est dans un pénitencier où il est enfermé pour trafic d’héroïne qu’un ex-itinérant a dû apprendre, hier, que deux policiers de Montréal ont été arrêtés pour l’avoir sorti de force des limites de la ville.
Tobie-Charles Angers-Levasseur, présumée victime d’une intervention remontant à 2010 et dont les patrouilleurs PierreLuc Furlotte et Patrick Guay sont maintenant accusés, est loin d’être un enfant de choeur.
Il purge depuis janvier une peine de cinq ans pour avoir vendu de l’héroïne à des agents doubles pendant que la crise du fentanyl frappait Montréal, a appris Le Journal.
QUATRE TRANSACTIONS
À l’été 2017, le SPVM soupçonnait le réseau du récidiviste de 32 ans de mélanger ce puissant opiacé à la drogue dure qu’il écoulait au centre-ville.
Des documents judiciaires consultés par Le Journal rapportent que des agents d’infiltration lui ont acheté des doses de 0,25 g à 0,46 g à quatre reprises, en échange de sommes entre 60 $ et 100 $, avant de l’épingler avec ses quatre complices.
Tous ont ensuite plaidé coupables, mais c’est lui qui a écopé de la peine la plus lourde. Il semble que « leur » héroïne ne contenait pas de fentanyl, qui a causé six surdoses mortelles à Montréal l’an passé.
UNE « BALADE » FORCÉE
Angers-Levasseur était itinérant, le 31 mars 2010, quand les patrouilleurs Furlotte et Guay l’ont supposément embarqué de force dans une autopatrouille pour aller le larguer loin de l’île de Montréal, vers l’ouest, pour lui donner une leçon.
D’autres membres des forces de l’ordre ont déjà été sanctionnés par le Comité de déontologie policière pour une telle pratique.
« Des gens m’en ont déjà parlé, a déploré l’abbé Claude Paradis, réputé pour son travail auprès des sans-abri. Ça arrive surtout l’été. Lorsqu’il y a des festivals, on amène les itinérants plus loin du centre-ville pour ne pas laisser une mauvaise image. »
À l’époque, AngersLevasseur s’était plaint, mais les affaires internes du SPVM — dont l’ex-patron, Costa Labos, est suspendu en raison d’allégations criminelles — ont passé l’éponge.
Le dossier a toutefois été révisé par une équipe d’enquête externe et les constables Furlotte et Guay se retrouvent inculpés de séquestration, de voies de fait et de menaces.
Les policiers de 35 et 32 ans ont été libérés du quartier général de la Sûreté du Québec, hier, après s’être engagés à comparaître en cour à la mi-juin. Le SPVM les a aussitôt suspendus.
– Avec la collaboration de Michaël Nguyen, Claudia Berthiaume et Antoine Lacroix