« On ne fait même pas ça à des animaux »
Une résidence donne un ultimatum de 48 h aux aînés
VALLÉE-JONCTION | La vie paisible de 40 personnes âgées de 87 à 98 ans a pris un virage inattendu, mercredi après-midi, en Beauce, après que le propriétaire de leur résidence leur a donné un ultimatum de 48 heures pour quitter l’endroit avant sa fermeture définitive.
La direction des Résidences de la Vallée, à Vallée-Jonction, et son propriétaire Ghislain Carrier ont rassemblé les résidents, mercredi après-midi, pour leur annoncer que l’établissement allait fermer ses portes aujourd’hui. Cette annonce n’a laissé que 48 heures à ces aînés en perte d’autonomie et à leurs répondants pour dénicher un nouveau toit.
« Je trouve ça sauvage. On ne fait même pas ça à des animaux », ruminait Fernand Giguère, qui transportait les effets personnels de sa mère dans un camion cube.
« Je ne pensais jamais repartir comme ça. Ça fait mal en dedans. Certains ont beaucoup pleuré, s’attristait Yvonne Vallée, qui habitait l’endroit depuis moins d’un an. On n’a pas le choix. On est vraiment dehors. Si on ne bouge pas, c’est nous qui mangeons la chique. »
La résidence invoque un « manque de personnel » pour expliquer sa fermeture. Or, Le Journal a appris que l’établissement vivait aussi des difficultés financières depuis plusieurs mois.
« M. Carrier a dit qu’il arrêtait tout ça, qu’il était épuisé émotionnellement, raconte la directrice de la résidence Caroline Audet, alors que Ghislain Carrier brillait par son absence hier après-midi. On court depuis le mois de novembre à cause du manque de personnel. »
« Ce n’est pas qu’on n’a pas de CV. C’est que les gens ne veulent pas travailler les fins de semaine, le soir ou la nuit. Nous, on est ouvert 24 heures sur 24 », poursuit-elle.
RELOCALISÉS
La directrice explique qu’une cellule de crise a été mise en place de concert avec le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Chaudière-Appalaches, de façon à rediriger les résidents vers d’autres établissements de la région. Lors du passage du Journal, hier soir, sept aînés ne savaient toujours pas où ils allaient dormir 24 heures plus tard.
Plusieurs proches ont par ailleurs confié au Journal qu’ils n’excluaient pas d’intenter un recours collectif contre la résidence.
Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a écrit sur Twitter que le CISSS « est au rendez-vous et accompagne les résidents un par un ».