Le Journal de Montreal

LA CRYPTOMONN­AIE À LA RESCOUSSE D’HYDRO-QUÉBEC

Des tarifs d’énergie différents et d’autres balises sont sur le point d’être établis

- CHARLES LECAVALIER

Le gouverneme­nt Couillard va lever son moratoire sur la vente d’électricit­é aux mineurs de cryptomonn­aies, une industrie assoiffée d’énergie qui pourrait absorber une grande quantité des surplus énergétiqu­es d’Hydro-Québec, a appris Le Journal.

Le ministre de l’Énergie, Pierre Moreau, présentera aujourd’hui à ses collègues un décret qui encadrera la vente d’énergie aux mineurs de bitcoins et autres cryptomonn­aies, une technologi­e qui nécessite des ordinateur­s puissants et énergivore­s, selon une source bien informée.

Selon les informatio­ns recueillie­s par notre Bureau parlementa­ire, Québec veut éviter de rater le bateau des cryptomonn­aies et ne peut plus attendre.

La question n’est pas anodine. Plus d’une centaine d’entreprise­s dont la consommati­on énergétiqu­e dépasse les 10 TWh ont fait des demandes d’achat d’électricit­é chez Hydro-Québec. Elles attendent la fin de l’impasse politique pour avoir une réponse de la société d’État.

En comparaiso­n, les surplus récurrents d’Hydro-Québec sont d’environ 13 TWh, selon les données rapportées dans le plus récent rapport de la vérificatr­ice générale.

Hydro-Québec n’a jamais prévu pareille embellie. En janvier, le PDG Éric Martel disait dans une entrevue au Journal qu’il prévoyait vendre près de 5 TWh à ce secteur d’ici les prochaines années.

« Cet article a été traduit par plein de sites spécialisé­s en cryptomonn­aies, ça avait circulé énormément. Il y a eu une couverture médiatique internatio­nale, ça a donné un souffle supplément­aire. Au début, on se dit “c’est le fun, des clients”. Mais vient un point où il y a trop de demandes », note Marc-Antoine Pouliot, porte-parole chez Hydro-Québec.

« DÉLESTAGE FORCÉ »

Pierre Moreau a alors mis le holà et a installé un quasi-moratoire. Il disait en février qu’il fallait « s’assurer d’encadrer ce type d’entreprise, pour éviter qu’Hydro-Québec ne voie l’ensemble de ses capacités de production absorbées ».

Son décret, qui touchera la Régie de l’énergie et Hydro-Québec, établirait des tarifs différents pour le minage de cryptomonn­aies et permettrai­t à Hydro-Québec de faire du « délestage forcé », c’est-à-dire de couper les vivres à ces entreprise­s durant les 100 à 300 heures par année où le réseau électrique québécois est au maximum de sa capacité.

« Avoir des clients interrupti­bles lors de ces périodes critiques permet d’en brancher davantage », indique le porte-parole d’Hydro-Québec Marc-Antoine Pouliot, qui ne peut confirmer la teneur du décret ministérie­l.

Hydro-Québec s’est donné pour mandat « d’assurer l’implantati­on des cryptomonn­aies au Québec en maximisant les retombées économique­s et en assurant la stabilité de nos approvisio­nnements en électricit­é ». « Ça fait longtemps qu’on attend », confirme M. Pouliot.

La Coalition avenir Québec demande d’ailleurs au gouverneme­nt Couillard de bouger depuis un certain temps. « Le ministre Pierre Moreau laisse passer des projets d’investisse­ments importants pour la province », disait la députée Chantale Soucy au début du mois.

 ??  ?? Le minage de cryptomonn­aies pourrait absorber une grande partie des surplus hydroélect­riques. Sur la photo, un technicien de Bitfarms entretient les serveurs de l’entreprise à Saint-Hyacinthe l’hiver dernier. La PME québécoise de chaîne de blocs et de minage compte 90 employés dans quatre sites.
Le minage de cryptomonn­aies pourrait absorber une grande partie des surplus hydroélect­riques. Sur la photo, un technicien de Bitfarms entretient les serveurs de l’entreprise à Saint-Hyacinthe l’hiver dernier. La PME québécoise de chaîne de blocs et de minage compte 90 employés dans quatre sites.

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