Champlain : des erreurs coûteuses
Le Vérificateur général estime « très ambitieuse » la livraison du nouveau pont au mois de décembre
OTTAWA | La livraison du nouveau pont Champlain en décembre comme promis par Ottawa semble « très ambitieuse » aux yeux du Vérificateur général du Canada, qui a dressé hier un portrait peu reluisant de la gestion du projet, dont la facture salée n’a pas fini de gonfler.
« Nous sommes d’avis que le nouveau pont coûtera plus cher que si la décision de le remplacer avait été prise plus tôt, qu’il coûtera plus cher que prévu à l’origine et qu’il n’est pas certain qu’il sera terminé avant l’échéance [du 21] décembre 2018 », a lancé Michael Ferguson en commentant un nouveau rapport déposé hier.
Les raisons de l’explosion des coûts sont multiples. Le gouvernement a été avisé trop tard que le pont actuel devait être remplacé. Il a ensuite décidé en 2011 qu’il irait de l’avant avec une construction en mode partenariat public-privé (PPP), alors que le Vérificateur général (VG) conclut plutôt que le modèle traditionnel aurait finalement coûté moins cher.
Tous ces retards ont gonflé la facture d’au moins 500 M $.
PÉAGE ET RETARDS
Enfin, l’abandon du péage en 2015, les retards causés par des problèmes de transports et d’imprévus, ainsi qu’une vingtaine de changements « majeurs » au projet en cours de construction auront aussi fait gonfler la facture.
« Nous avons conclu qu’Infrastructure Canada n’avait pas planifié le remplacement du pont Champlain d’une manière rentable. Nous avons aussi conclu qu’Infrastructure Canada n’avait pas géré adéquatement certains risques liés à l’approvisionnement en vue d’atténuer les dépassements de coûts et les retards », peut-on lire dans le rapport.
TOUJOURS À TEMPS
En réaction au rapport du VG, autant le consortium Signature sur le Saint-Laurent que le ministre de l’Infrastructure, Amarjeet Sohi, ont promis que l’échéancier serait bel et bien respecté.
Le ministre a noté que les décisions des conservateurs, à l’époque au pouvoir, étaient responsables d’une part des coûts.
De l’autre côté, le député conservateur Gérard Deltell a indiqué que si certaines étapes semblaient avoir été sautées, c’était à cause de l’urgence de remplacer le pont.
OTTAWA | L’écart de richesse entre les Autochtones et les autres Canadiens ne cesse de se creuser depuis 15 ans, et cela malgré la promesse du gouvernement Trudeau d’améliorer le sort des Premières Nations.
Le Vérificateur général a déposé hier un autre rapport dévastateur sur les conditions de vie déplorables des Autochtones qui habitent sur les réserves.
« PIÈTRES RÉSULTATS »
Dans son rapport, Michael Ferguson note « l’échec incompréhensible » et les « piètres résultats » du fédéral pour améliorer la vie des peuples autochtones au Canada.
Le VG a conclu que le gouvernement canadien n’a pas un portrait complet de la situation économique des Autochtones. Pire encore, il surévalue certains critères d’évaluations cruciales, comme le taux d’obtention d’un diplôme secondaire.
Par exemple, les données officielles du ministère des Services aux Autochtones indiquent qu’entre 2011 et 2016, 46 % des étudiants des Premières Nations obtenaient un diplôme. Or, les calculs du VG démontrent que cela est le cas pour seulement 24 % des étudiants.
TRAVAIL
Les programmes du fédéral visant à aider les Autochtones à prendre leur place sur le marché du travail passent aussi dans le tordeur du VG. Ces programmes, qui ont coûté 300 millions $ par année, font l’objet de peu de surveillance, selon l’audit.
M. Ferguson a conclu que la gestion de ces efforts « n’était pas suffisante pour démontrer que ces programmes avaient permis d’accroître le nombre d’Autochtones ayant obtenu et gardé un emploi », déplore-t-il.
La ministre de l’Emploi, Patty Hajdu, soutient pour sa part que le fédéral est en train de bâtir des ponts avec les communautés autochtones, mais que cela prend du temps.