Le Journal de Montreal

Un resto repaire pour tous les groupes criminalis­és

L’établissem­ent perd son permis d’alcool après une fusillade qui a fait deux blessés

- VINCENT LARIN

La police de Montréal a obtenu d’urgence la suspension du permis d’alcool d’un restaurant du quartier chinois considéré comme un repaire pour « tous les groupes criminalis­és de la métropole » et où une fusillade nourrie a eu lieu récemment devant des passants.

Aux alentours de 4 h, le 7 mai, le ton est monté entre les membres de deux groupes liés aux gangs de rue qui étaient présents dans la section VIP du restaurant Mon Nan, au centre-ville, apprend-ton dans une décision récente de la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ).

À la suite d’une bagarre, une fusillade a éclaté en face de l’établissem­ent entre des membres de gangs de rue d’allégeance bleue et rouge qui ont échangé plusieurs coups de feu.

CRIBLÉ DE BALLES

De simples passants se sont retrouvés dans la ligne des tirs. Aussi, deux personnes qui venaient de se stationner ont dû se cacher dans leur voiture dont le pneu et une portière ont été criblés de balles.

Un suspect a été atteint par plusieurs projectile­s et un autre individu a été blessé à la jambe.

Craignant « une vengeance ou une réplique » de la part des rouges contre leur groupe rival des bleus, les policiers ont convenu le lendemain avec le propriétai­re de fermer le restaurant jusqu’à une audience d’urgence devant la RACJ.

« RISQUE À LA VIE »

« Le risque à la vie et à la santé des personnes est important, en raison de l’environnem­ent extérieur de l’établissem­ent […] situé au coin d’une rue piétonne et d’une rue résidentie­lle », ont plaidé les policiers.

Ce n’est pas la première fois que l’établissem­ent d’environ 300 places situé sur la rue De La Gauchetièr­e Est est le théâtre de bagarres et autres actes illégaux (voir autre texte).

Depuis un an et demi, les policiers de l’escouade Éclipse de la police de Montréal (SPVM), spécialisé­e en matière de criminalit­é de violence et en collecte de renseignem­ents, y ont observé à au moins 35 reprises des sujets possibleme­nt liés au crime organisé.

« On y retrouve régulièrem­ent des membres de [bandes de] motards criminalis­és, de gangs de rue haïtiens d’allégeance rouge et bleue, de gangs de rue jamaïcains, arabes, africains, etc. », peut-on lire dans la décision de la RACJ.

LE PROPRIO COLLABORE

Après une audience, le 11 mai, le propriétai­re du restaurant a pu rouvrir l’établissem­ent temporaire­ment en s’engageant à suivre de sévères consignes déterminée­s avec l’accord du SPVM.

Deux caméras supplément­aires devaient être posées devant son commerce, tout comme des affiches indiquant que le restaurant collabore avec la police et que les clients sont filmés.

Il a également reçu l’ordre de ne plus admettre aucun client entre 23 h et 8 h et la salle VIP a été fermée temporaire­ment.

Le restaurant n’avait pas d’antécédent­s auprès de la RACJ, selon nos recherches. Une audience devant la RACJ a eu lieu, hier, question de savoir si le Mon Nan pourra continuer d’opérer et dans quel cadre. Une décision devrait être rendue dans les trois prochains mois.

 ?? PHOTOS CHANTAL POIRIER ET AGENCE QMI, PASCAL GIRARD ?? Le restaurant Mon Nan situé sur la rue De La Gauchetièr­e Est, dans le quartier chinois, a été le théâtre de plusieurs bagarres depuis deux ans. En mortaise, une fusillade en pleine rue devant des passants y a fait deux blessés, le 7 mai dernier.
PHOTOS CHANTAL POIRIER ET AGENCE QMI, PASCAL GIRARD Le restaurant Mon Nan situé sur la rue De La Gauchetièr­e Est, dans le quartier chinois, a été le théâtre de plusieurs bagarres depuis deux ans. En mortaise, une fusillade en pleine rue devant des passants y a fait deux blessés, le 7 mai dernier.

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