4,5 milliards $ pour transporter du pétrole sale
OTTAWA | Outrés par la décision fédérale de racheter le controversé pipeline Trans Mountain au prix de 4,5 milliards $, partis politiques et groupes de pression ont dénoncé hier un gaspillage de fonds publics qui laisse beaucoup de questions en suspens.
« Le premier ministre oblige les contribuables à payer pour ses échecs, s’est désolé le chef conservateur, Andrew Scheer. Pire encore, il nationalise un pipeline, et il ne peut même pas dire le coût total aux Canadiens. »
TRÈS POLLUANTS
Le ministre des Finances, Bill Morneau, a annoncé hier qu’Ottawa achètera l’oléoduc de Kinder Morgan ainsi que les infrastructures liées à son agrandissement pour transporter le pétrole des sables bitumineux considérés parmi les plus polluants au monde de l’Alberta vers la Colombie-Britannique. Puisque l’entente doit être finalisée en août, le fédéral financera d’ici là le début des travaux de construction.
M. Morneau a refusé de dévoiler le coût total de l’opération. Selon lui, il n’y aura aucun impact fiscal pour les Canadiens, car le fédéral compte revendre le pipeline au secteur privé à court ou moyen terme.
De concert avec la Fédération canadienne des contribuables et l’Institut économique de Montréal, l’opposition officielle juge que le gouvernement envoie un message qui découragera les investissements privés au pays.
« C’est une mauvaise entente qui ne réglera rien, a réagi le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh. Les Premières Nations et les communautés locales vont continuer de défendre leurs droits en vertu de la Constitution. »
INDIGNATION QUÉBÉCOISE
« Ottawa utilise l’argent de nos impôts pour forcer la construction du pipeline. […] Quelle est la prochaine étape : forcer le passage d’Énergie Est au Québec à même notre argent ? » a demandé la députée de Québec debout, Monique Pauzé.
À l’Assemblée nationale, tous les partis confondus ont appelé le gouvernement fédéral à respecter la volonté et les compétences des provinces.
« C’est littéralement un coup d’État du fédéral sur les compétences des provinces », a fustigé le porte-parole péquiste en matière d’environnement, Sylvain Gaudreault.
Finalement, il n’y avait que Kinder Morgan et la première ministre de l’Alberta, Rachel Notley, pour saluer la décision d’Ottawa.